jeudi 31 janvier 2019

Zacharie Blondel, voleur de poules de Philippe CUISSET


Quatrième de couverture:

Après la Commune de Paris, de nouvelles lois vont réprimer les populations potentiellement dangereuses. La politique d'épuration sociale, déjà violente sous le Second Empire, se durcit sous la IIIe République. Déportation, transportation et relégation remplissent les bagnes de métropole ou d'Outre-Mer. Les travaux forcés, vantés par d'honorables ministres républicains, doivent aboutir à une forme de rédemption laïque que les bagnards sont censés porter jusqu'aux antipodes. Mais cette image colonisatrice d'une France modernisée, industrielle et triomphante, n'est qu'une façade. 
En réalité, on nettoie le territoire de cette intarissable veine de misère, on rassure les honnêtes gens, on offre ainsi aux puissantes exploitations agricoles et minières une main d'oeuvre à bas prix. L'administration pénitentiaire signe avec la direction de la Société Le Nickel des « contrats de chair humaine ». 

Charles Zacharie Blondel, petit agriculteur ruiné, braconnier et voleur de poules, condamné à la relégation à l'Île des Pins, fut victime au bagne de Nouvelle-Calédonie de ce tout premier avatar du néo-esclavagisme colonial.

Mon avis:

Quand on sait que le voyage dure au moins quatre mois (l'auteur pourra peut-être me confirmer la durée du voyage), comment peut-on décider d'envoyer à l'autre bout du monde un homme condamné à huit mois de prison!!! Un homme qui n'a commis, parce qu'éprouvé par la vie, que quelques larcins, pour survivre, pour manger sans mendier, garder un peu de dignité en braconnant!

La vie des hommes (et femmes) du peuple n'a que peu de valeur aux yeux des nantis de nos sociétés. La misère qui engendre la petite délinquance doit être cachée, ne pas agresser la vue des "honnêtes" gens. 
Il faut de la main d'oeuvre bon marché, il faut des hommes dont on ne se soucie pas pour travailler dans les mines… Ici c'est le nickel… La SLN (Société Le Nickel qui existe toujours!)… alors l'état français vend ses prisonniers… 

Cet homme privé d'une fin de vie dans la dignité et d'une sépulture décente devient au travers du récit de Philippe Cuisset un symbole, un étendard. Zacharie Blondel reprend vie… Il quitte l'oubli d'une fosse commune pour porter toute l'injustice du monde. Son regard triste, ses écrits restés sans réponses aux "grands" de ce monde. Si ses enfants n'ont pas pu, ou pas su l'accompagner dans sa fin de vie, il revient aujourd'hui, nous montrer toute ces injustices. Il n'est plus seul!

J'ai beaucoup aimé cette lecture, ce témoignage venu d'un autre temps, mais tellement proche!

Je remercie Partage lecture et l'édition Kyklos pour ce partenariat.

Ma petite anecdote:

Je suis d'autant plus sensible à cette histoire que j'ai vécu quelques années au coeur du Pacifique… 
Ce doux temps ou l'enfant devient adulte… ce temps pas toujours doux justement qu'on appelle adolescence.
J'ai quitté cette île sachant que je n'y reviendrai jamais…Mais pas de regrets… de délicieux souvenirs et aussi soyons honnête de moins bons… Toute la beauté de l'adolescence!

mercredi 23 janvier 2019

Soleil de nuit de Jo NESBÖ


Quatrième de couverture

Chargé de recouvrer les dettes pour un puissant trafiquant de drogue d’Oslo, Jon Hansen succombe un jour à la tentation et dérobe l’argent qu’il était supposé collecter, dans l’espoir de sauver sa famille. En vain. Pour échapper à ses poursuivants, il trouve refuge dans un village de pêcheurs du Finnmark, à l’extrême nord de la Norvège. Dans cette contrée aride où survit une tradition religieuse ancestrale, Jon croise la route de Lea, dont le mari violent vient de disparaître en mer, et se prend à croire à une rédemption. Mais, comme il le sait parfaitement, il n’y a «rien de pire qu’une balle dont on ne sait pas quand elle va arriver»…
Traduit du norvégien par Céline Romand-Monnier.

Mon avis:

Notre héros arrive à Kasun, petit village de pêcheurs triste du Nord de la Norvège. Accueilli par Mattis un "same" curieux, il se réfugie à l'église et rencontre Knut, un jeune garçon et sa maman, Léa, petit-fil et fille de prêcheur .
Au fil des pages l'auteur nous livre les secrets et les drames de chacun.
Le séjour dans ce lieu hors du monde, hors du temps va permettre à notre héros de se cacher, mais aussi de faire un retour sur sa vie, de panser ses blessures.
C'est l'histoire d'une reconstruction, mais aussi d'un nouveau départ, d'une nouvelle vie.
C'est l'histoire de deux êtres qui n'auraient jamais du se rencontrer!
J'ai beaucoup aimé ce voyage au fin fond de la Norvège et des coeurs!

Mon petit plus:

En littérature norvégienne je connaissais déjà Jo Nesbö avec Police et L'enfant qui criait au loup de Gunnar Staalesen.
Un constat: j'aime cette littérature venue du froid.

jeudi 17 janvier 2019

Idiss de Robert BADINTER


Quatrième de couverture

J'ai écrit ce livre en hommage à ma grand-mère maternelle, Idiss.
Il ne prétend être ni une biographie, ni une étude de la condition des immigrés juifs de l'Empire russe venus à Paris avant 1914.
Il est simplement le récit d'une destinée singulière à laquelle j'ai souvent rêvé.
Puisse-t-il être aussi, au-delà du temps écoulé, un témoignage
d'amour de son petit-fils.

R.B.


Mon avis:

C'est un joli message d'amour, de tendresse que Robert Badinter envoie à travers le temps à sa grand-mère maternelle. Et à travers elle à sa famille, à sa mère, à son père. C'est tout en pudeur, comme sans doute l'homme qu'il est, comme du l'être sa grand-mère, puis sa mère…
C'est l'histoire d'une famille qui, parce qu'elle doit s'expatrier, se soude dans la tendresse.

Mon petit plus:

J'ai une profonde admiration pour Robert Badinter.

Alors que la France entière (ou presque) hurlait "À mort" contre Patrick Henry,
Robert Badinter et Robert Bocquillon ont défendu le jeune assassin.

Malgré la foule en délire hurlant sa haine devant le palais de justice, (les images des journaux télévisés étaient saisissantes, foule en délire impressionnante) malgré les menaces de morts (écrites (sans doute anonymes) les insultes de toutes sortes , Robert Badinter (et Bocquillon que je n'oublie pas!), fervent opposant à la peine de mort réussira à convaincre les jurés de ne pas condamner le jeune homme à la peine capitale.

Nous étions en 1976… Mon admiration fit de moi une fervente adepte de l'abolition de la peine de mort.

Quelques années plus tard, Mitterrand le contactera et devenu ministre de la justice de 1981 à 1986. Il propose au nom du gouvernement de la République d'abolir la peine de mort le 9 octobre 1981.

Badinter a vécu d'autres combats, et en vit encore. C'est un homme positif!

vendredi 11 janvier 2019

L' histoire d'Hellen Keller de Lorena A. HICKOK


Quatrième de couverture

Quel avenir peut avoir une petite fille de six ans, aveugle, sourde et muette ? Les parents d'Helen sont désespérés jusqu'au jour où Ann Sullivan arrive chez eux pour tenter d'aider Helen à sortir de sa prison sans mots, ni couleurs ni sons.
Les premiers échanges sont houleux, mais la persévérance d'Ann, l'intelligence et le désir d'apprendre d'Helen parviennent à vaincre l'impossible.


Mon avis:

Presqu'un conte, si cette histoire n'était pas une histoire vraie.
Ann Sullivan (1845-1849) une enseignante et une femme extraordinaire  va donner à Helen Keller (1880-1968) les codes pour sortir de son isolement. Malgré ses lourds handicaps Helen deviendra la première personne handicapée à obtenir un diplôme universitaire, puis elle deviendra auteur, conférencière. Elle fera de nombreux voyages.
Écrit simplement, le texte aborde sans mièvrerie les difficultés de l'apprentissage, les difficultés aussi pour intégrer et obliger la société à accepter les handicaps.
Cette lecture m'a donné envie de lire l' autobiographie d'Helen Keller "Sourde, muette, aveugle : histoire de ma vie".

Mon petit plus:
Il y a des livres qu'on lit en famille, parce que le bonheur de lire se transmet de génération en génération. 
Cette fois, c'est ma petite fille Lisa qui m'a conseillée cette lecture… qu'a fait après moi ma fille, sa mère. (Son avis ICI)
Trois générations et un même bonheur de lecture.

Les prénoms épicènes d' Amélie NOTHOMB


Quatrième de couverture 

« La personne qui aime est toujours la plus forte. »

Mon avis:

Les prénoms épicènes peuvent être à la fois masculins et féminins. 
Claude et Dominique, se rencontrent, se marient et ont une fille "Epicène".
Epicène est une enfant intelligente qui saura pallier à l'absence d'affection de son père 
Elle se construit dans cette non relation.
J'ai beaucoup aimé cette histoire originale; un père entraîne sa famille dans une folie vengeresse qui ne concerne que son ego!

Mon petit plus:
Je pensais trouver un rapport entre le titre et le roman… 
Non, en fait je crois que le titre est juste là pour expliquer ce que sont les prénoms épicènes lors de la promo du roman.
Tout Amélie Nothomb! 
Mais que voulez vous, plus que les romans, c'est le personnage fantasque de Nothomb que j'aime! 

Ce n'est pas ma première histoire avec Amélie Nothomb…
Mes lectures de Nothomb et avant la création de ce blog, "Hygiène de l'assassin", "Les catilinaires", "Stupeur et tremblements" et quelques autres dont le titre m'échappe.

Ma rencontre avec le roman:  
J'ai reçu ce livre cadeau de ma fille à Noël 2018

jeudi 10 janvier 2019

Ma bête de Jean-François REGNIER


Présentation du livre

Ma Bête, c'est ainsi que Weston Forrester surnomme Duncan Smith qu'il capture à Boston, sur le parking d'une station-service. Le ravisseur veut faire de sa victime le meurtrier qu'il n'a pas le courage de devenir. Weston Forrester a tous les atouts pour mener le jeu et faire de Duncan Smith un criminel.
La rencontre de ces deux hommes, dans un face à face tendu, va les amener à se découvrir aux limites de leurs forces et de leurs valeurs respectives.


Mon avis:

Il me parait bien lâche Weston, qui veut se venger des blessures de son passé sans devenir un assassin.
Avec lui nous pénétrons dans un monde étrange et surréaliste où il emprisonne un homme, pour en faire un animal obéissant,  pour le "dresser" et en faire le bras de sa vengeance. 
Il enlève Duncan, un jardinier.
C'est l'enfer qui commence, bien sûr pour Duncan, mais aussi pour Weston.
Une bonne idée de l'auteur, changer le narrateur à chaque chapitre, c'est tantôt le tortionnaire, tantôt la victime.
Nous suivons ainsi chaque personnage au coeur même de ses émotions. Les motivations de l'assaillant, ses blessures, sa folie même. Les peurs, l'incompréhension de la victime, puis sa lutte et sa résignation.
Au delà de la lecture, rapide et addictive, j'ai aimé la question que soulève le texte. La manipulation mentale peut hélas asservir certaines personnes (pas forcément les plus faibles), peut-on faire d'un individu lambda un assassin en le mettant au rang de l'animal qu'on dresse.
Je n'ai pas aimé la fin, elle est trop ouverte. J'ai, après avoir fermé l'ouvrage (enfin éteint la liseuse!),
pensé à différentes fins… toutes possibles sans doute, et si j'aime qu'un écrivain m'emmène à me poser des questions, je préfère qu'il porte ses héros jusqu'au bout de l'histoire.
Un roman réflexion comme je les aime!

Je remercie Partage lecture 
 et l'auteur Jean-François Regnier pour ce partenariat.

Mon petit plus :

J'ai lu "Des noeuds d'acier" en mars 2017 , un roman de Sandrine Collette  qui traite aussi de l'asservissement d'un homme. 
Intéressant de lire ces deux romans. 

mercredi 9 janvier 2019

Mon ombre assassine d' Estelle THARREAU


Présentation de l'éditeur:

En attendant son jugement, du fond de sa cellule, 
Nadège Solignac, une institutrice aimée et estimée, livre sa confession.
Celle d'une enfant ignorée, seule avec ses peurs.
Celle d'une femme manipulatrice et cynique.
Celle d'une tueuse en série froide et méthodique.
Un être polymorphe.
Un visage que vous croisez chaque jour sans le voir.
Une ombre. Une ombre assassine.

Mon avis:

Il ne s'agit pas d'un policier classique, mais de la longue confession de Nadège Solignac.
De sa naissance en 1989 jusqu'en 2018, l'héroïne narratrice, nous parle de sa vie.
Elle nous raconte le long enfer de son enfance. Cette maman à moitié folle qui semble vouloir l'éliminer. Puis l'arrivée du "monstre". Je n'ai pas admis que Nadège ne ressente aucune empathie pour sa petite soeur, je n'ai pas admis qu'elle l'appelle "le monstre". (Manon, nous ne découvrirons ce prénom qu'à plus de la moitié du roman… )
Une enfant ignorée, qui s'enferme dans sa haine des autres, dans ses vengeances. Une femme qui adapte son comportement au monde qui l'entoure, une manipulatrice.
Un peu de schizophrénie, une psychose profonde.
Un QI certainement élevé va permettre à Nadège de manipuler les êtres autour d'elle.
Il n'y a pas de sourire dans ce récit, Nadège est froide, manipulatrice dès l'enfance, pas seulement pour se protéger.
Il n'y a pas de concession dans la narration, Nadège n'a ni regret, ni remord, ses moteurs sont  la vengeance et de ne pas être entravée dans ses désirs… Son seul plaisir, sa jouissance, c'est le meurtre,  celui qui procure tristesse et chagrin, parfois folie autour d'elle.
Même la petite fille martyre qu'elle fut ne me l'a pas rendue sympathique. J'ai d'ailleurs la triste impression qu'elle ne cherche pas de pitié, elle veut juste être craint, faire peur.

J'aime qu'Estelle Tharreau lève ce tabou selon lequel une femme serait moins violente qu'un homme. On cherche l'influence masculine pour justifier des actes violents commis par des femmes. Je pense que c'est trop souvent une erreur…

Merci aux éditions Taurnada et à Joël Maïssa pour ce partenariat.


Mon petit plus:

C'est le quatrième roman d'Estelle Tharreau qui tombe dans ma liseuse.
"L'orage""L'impasse" et "De le terre dans la bouche" trois romans différents, des héros tous bien étudiés, des lieux différents… Avec "Mon ombre assassine" l'auteur continue de me surprendre. J'aime son écriture addictive et ses histoires originales.
Il faut aussi que j'avoue avoir une préférence pour les "one-shots" ("un tir" , "un roman, un héros")