mercredi 30 novembre 2016

Vague de divin

Guy TRAINAR

Quatrième de couverture

Ce livre puise son sens à partir de deux autres ouvrages rédigés de la même plume : Miel de sapin qui aborde le savoir et ses contradictions, et D.I.E.U. sauveguide ?, le croire et ses interrogations. Croire et savoir se présentent comme deux murs parallèles qui risquent peu de se rencontrer, si ce n’est par le haut, comme le font les voûtes d’une cathédrale. C’est à l’image d’un tel édifice que se veut construit ce livre, reposant sur les 15 piliers d’autant de « modes de penser » différents, tentant de débroussailler la mystérieuse opposition entre matière et esprit, et de clarifier la notion, vague dans divers sens du terme, de divin.

Ce livre fut une agréable surprise. 
Il y a quelques années, j'étais passionnée par l'origine des mythologies, des religions et leur développement à travers le monde. J'ai donc retrouvé dans "Vague de divin" un air bien familier… Mais il faut bien avouer qu'avec ce livre je suis allée beaucoup plus loin!
Dans le prologue, l'auteur nous indique que les différents chapitres peuvent être lus indépendamment, j'ai choisi de respecter l'évolution décidée pas Guy Trainar.
L'introduction de chaque chapitre passe par les cathédrales, les détails de la construction sont déclinés  en fonction du titre donné. Du penser analogique au penser itératif, l'auteur nous offre une réflexion de tous les penser… binaire, circulaire, rationnel ou spirituel pour n'en citer que quelques-uns. 
J'ai été surprise de n'avoir jamais fait un lien entre les lieux et les rites des croyances. Entre forêt et désert, lumière cachée ou plein soleil, végétations abondantes ou dunes à perte de vue…Les hommes vivent, pensent et évoluent différemment. 
Il n'y a dans ce livre aucun parti pris, l'auteur nous montre juste comment au fil des millénaires les hommes ont évolué. Comment en fonction des découvertes scientifiques, les religions se sont adaptées. 
Je suis contente que ce livre soit entré dans ma bibliothèque, je relirai très certainement certains chapitres que j'ai sans doute mal compris. Je referais de temps à autre ce voyage en donnant à vague toutes ses significations : 
" Le titre -Vague de divin - en effet reflète la mystérieuse nébulosité du sujet, le mot vague pouvant être entendu comme adjectif : -plus ou moins vague-, comme substantif masculin -le vague à l'âme- , ou féminin:-la vague qui déferle- . Dans cette dernière acceptation le divin s'expose à son devenir: la vague va-t-elle indéfiniment prendre de l'ampleur, ou bien tôt ou tard s'effilocher en écume?" (GT prologue p. 13).

Je remercie Partage lecture et les éditions Baudelaire pour ce partenariat.



jeudi 24 novembre 2016

La délicatesse du prisonnier

Paul JALABERT

Quatrième de couverture 

Gérard Rollan est enfermé dans une prison parisienne. Entre les moqueries acerbes du gardien, et le voisin de cellule qui reproduit les battements de son cœur sur les murs, il choisit l’évasion.
Une cavale qui l’emportera en Amérique du Sud, dans une ville qui l’étourdira, l’éblouira, et lui fera connaître mille vies. De rencontres hautes en couleur, aux chocs liés à la vie dans un bidonville, Gérard se retrouvera changé à jamais.


Nous nous retrouvons en Amérique Latine, avec "Homme-Perroquet" ainsi nommé à cause d'une tache de naissance. Il vient du "Pays des Aldraves" (chevaux?). Condamné pour assassinat par sorcellerie, il  réussit à s'évader, emportant avec lui ses écrits.
Il finira sa cavale dans une favéla, recevant l'aide de Maria, Pedro et Fillette. Il s'adaptera à cette étrange ville où la pauvreté côtoie l'opulence.
Homme-Perroquet est le spectateur impuissant de la déforestation, de la misère des bidonvilles, des rêves de libertés des ouvriers, des complots et assassinats politiques. Et si parfois il se souvient qu'il est guérisseur, il sera malheureusement le témoin de bien des drames, de bien des injustices.
Quelle que soit notre vision du monde, il apparait évident que les peuples des différents pays du monde sont exploités sans vergogne par des nantis, par des "multinationales". Ce côté politique de l'oeuvre m'a parfois lassée. Tout en étant du même avis que l'auteur, je ne peux m'empêcher de penser que, c'est à ces peuples, et à nous aussi de choisir notre façon de consommer, d'élire des dirigeants honnêtes et courageux, au moins en ce qui concerne les démocraties.
Ce n'est pas un traité politique, mais l'histoire d'un amérindien qui observe le monde qui l'entoure. Pour s'évader de prison, l'écriture, le rêve est une jolie clé!

Je remercie Anaelle, des éditions Publishroom pour ce partenariat.


La délicatesse du prisonnier de Paul Jalabert


lundi 21 novembre 2016

Haig — Le Sang des sirènes

Thierry PONCET


Quatrième de couverture

Je ne suis guère qu'un gosse parti pour l'aventure. Quand les douaniers marocains me laissent franchir leur barrière, je me dis que j'ai du bol. Quand le salopard en cavale monte à mon bord, je crois lui offrir sa chance. Quand la ferme isolée apparaît dans nos phares, je pense que la bonne fortune nous a trouvé un refuge. Je me trompe sur toute la ligne. Un gamin, c'est fait pour se gourer. Et apprendre…

Le voilà enfin, ce troisième volet tant attendu des aventures de Haig! C'est presqu'une onomatopée ce nom que tout jeune il s'est choisi.
Ce n'est pas une aventure ordinaire, c'est la naissance du héros, sa genèse, ses premiers pas vers ce qu'il pense être la liberté.
Comme toujours avec T. Poncet, j'ai un mouvement de recul, puis je souris, évidemment le langage cru correspond au milieu et aux héros choisis. Son style me plait, j'aime ses phrases courtes, parfois sans verbe, j'aime les descriptions si vivantes des humains, si réalistes des paysages.
C'est donc la toute première aventure de Haig. Il y a trois mois seulement il était choyé par sa mère, une femme dure au labeur mais qui l'obligeait à aller à l'école et lui lisait les contes de Grimm. Le voilà orphelin à à peine seize ans et demi, c'est si important "demi" à cet âge là!
Il part à l'aventure avec dans ses bagages un livre dérobé, "Les misérables" de Hugo…Hugo a toujours été du côté des faibles, des fragiles, des opprimés et des petites gens…On ne condamnera pas un être pour le vol des misérables!
Mais pourquoi ne réagit-il pas? Qu'arrive-t-il à mon héros? Comment peut-il laisser faire ça…et chaque fois je réalise qu'il n'est encore qu'un très jeune homme, encore un enfant, qu'il pleure encore la mort de sa maman. C'est bien vu, bien raconté, on ne nait pas homme, on le devient!

Merci aux éditions Taurnada et à Joël Maïssa pour ce partenariat.


mercredi 16 novembre 2016

La ville orpheline

Victoria HISLOP


Quatrième de couverture 

Chypre, été 1972. La ville de Famagouste héberge la station balnéaire la plus prisée de la Méditerranée, rayonnante et bénie des dieux, où Chypriotes grecs et Turcs vivent en parfaite harmonie. Un couple ambitieux y ouvre Le Sunrise, hôtel dont le luxe surpasse tous les autres.
Lorsqu'un putsch grec plonge l'île dans le chaos, celle-ci devient le théâtre d'un conflit désastreux. Famagouste est bombardée. Quarante mille personnes, n'emportant que leurs biens les plus précieux, fuient l'armée en marche. Parmi eux, Aphroditi  contrainte de suivre son mari sans savoir si elle pourra un jour revoir son amant. Dans la ville désertée, seules deux familles demeurent : les Georgiou et les Oskan. Voici leur histoire.

Traduit de l'anglais par Alice Delarbre.

Nous sommes dans un hôtel de luxe, dont le luxe même dépasse l'entendement. Ils sont beaux, riches, et vivent dans un vase clos. Aphroditi est surprenante de naïveté, d'insouciance. Rien ne l'intéresse, sinon ses robes, ses bijoux et son amant, quand enfin elle décide d'en prendre un! A-t-elle été élevée comme çà? Je me suis posée la question. L'histoire commence en 1972, il me semble que, appartenant à la "haute société" de l'époque, elle doit avoir fait des études… Elle devrait être ouverte au monde qui l'entoure. Et quand autour d'elle tout bascule… Elle n'a même pas le courage d'imposer à son mari un enfant oublié sûr la route de l'exode.
Les deux familles qui restent à Famagouste sont normalement opposées. Chypriotes grecs pour les Georgiou, chypriotes turcs pour les Oskan. Nés sûr la même île, la politique fait de ces familles voisines des ennemis…Mais pour survivre, il faut passer outre les rancoeurs, aller de l'avant, comprendre que les monstruosités ont lieux des deux côtés, et que la générosité appartient aussi aux deux camps. Pour survivre, il faut partager, il faut s'unir.
Une ville, dans une île, un petit paradis pour touristes, un enfer pour le peuple.
Une lecture qui par son côté historique m'a accrochée.

samedi 12 novembre 2016

Le jour où Anita envoya tout balader

Katarina BIVALD

Quatrième de couverture

   L'été de ses dix-huit ans, Anita Grankvist s'était fixé trois objectifs : apprendre à conduire une moto, acheter une maison et devenir complètement indépendante. 
   Presque vingt ans plus tard, Anita n'a toujours pas réalisé ses rêves. Elle mène une petite vie tranquille, seule avec sa fille Emma, et travaille au supermarché local. Le départ d'Emma pour l'université va bouleverser ce quotidien un peu fade. Anita va devoir gérer quelque chose qui lui a cruellement manqué ces deux dernières décennies : du temps libre. 
   Qu'à cela ne tienne, Anita commence à prendre des leçons de moto, se lance dans un projet impossible, apprend à connaître sa mère légèrement sénile, et tombe follement amoureuse.                               
   Finalement, n'est-ce pas merveilleux de réaliser ses rêves d'adolescence à l'approche de la quarantaine ?
Traduit de suédois par Marianne Ségol-Samoy.

Un beau jour, c'était prévu, on le savait, on en avait longuement parlé…c'est le départ… Ils quittent le nid, ils s'envolent et vivent leur vie…
Et on se retrouve sans le désordre, sans la musique, plus de miettes oubliées sûr la table de la cuisine,  de verre sûr la paillasse, plus de vêtements sûr le canapé et de chaussures abandonnées dans l'entrée. Il va falloir meubler les silences, trouver de quoi occuper ce temps.
Alors pourquoi ne pas reprendre cette liste de nos souhaits, celle qu'on avait laissée en attente, c'est ce que va faire Anita.
C'est une lecture légère et agréable, pleine de bonne humeur. Histoire de rêves à réaliser, histoire d'amour à réapprendre. Parfois des moments tristes… mais finalement, sinon une nouvelle vie, au moins une suite pleine d'espoirs et d'humour tendre.

mercredi 2 novembre 2016

Le temps est assassin

Michel BUSSI

Quatrième de couverture

Eté 1989
La Corse, presqu'île de la Revellata, entre mer et montagne.
Une route en corniche, un ravin de vingt mètres, une voiture qui roule trop vite... et bascule dans le vide.
Une seule survivante : Clotilde, quinze ans. Ses parents et son frère sont morts sous ses yeux. 


Eté 2016
Clotilde revient pour la première fois sur les lieux de l'accident, avec son mari et sa fille ado, en vacances, pour exorciser le passé.
A l'endroit même où elle a passé son dernier été avec ses parents, elle reçoit une lettre.
Une lettre signée de sa mère.
Vivante ?

C'est en Corse que Bussi nous emmène pour vivre avec Clotilde la tragique aventure d'une ado de quinze ans, revenue vingt-sept ans plus tard sûr les lieux de l'accident qui fit d'elle une orpheline.
En 1989, notre héroïne tient un journal, elle parle déjà à un hypothétique lecteur du futur. Nous la découvrons à l'aube de l'âge adulte, avec ses rêves, son intransigeance, sa révolte aussi. 
En 2016, c'est avec sa fille Valentine, 15 ans et son mari qu'elle fait ce douloureux pèlerinage. Elle aimerait que sa fille la comprenne, que son mari la soutienne, et elle voudrait aussi savoir ce qui s'est réellement passé.
J'ai aimé le parallèle fait entre la toute jeune fille et la femme qu'elle est devenue. Elle est avocat, elle semble s'être adaptée au monde qui l'entoure. Ses complexes sont loin, et pourtant, elle ressent toutes les émotions vécues quelques vingt-sept ans plus tôt. 
J'ai aussi beaucoup aimé la tirade de Cassanu Idrissi et sa vision de la justice! Une belle leçon pour rappeler que rien n'est jamais ni simple, ni évident.
Bussi nous promène. Une seule envie, continuer pour enfin savoir qui, pourquoi? 
Un agréable moment de lecture.