dimanche 29 juin 2014

Les oliviers du Négus

Laurent GAUDÉ

Couverture: Silas Manhood

Quatrième de couverture

Un vieil homme croit entendre chevaucher Frédéric II dans le royaume des Enfers. Un centurion marche vers une Rome gangrénée dont il devance l'agonie. Un soldat des tranchées fuit le "golem" que la terre a façonné pour punir les hommes. Un juge anti-mafia tient le compte à rebours de sa propre exécution... Dans la proximité de la guerre ou de la mort surgissent ces quatre récits où les héros - certes vaincus, mais non déchus - prononcent d'ultimes paroles. Ils veulent témoigner, transmettre, ou sceller des adieux. Minuscules fantassins de la légende des siècles, ils affrontent une Histoire lancée dans sa course aveugle. Et ils profèrent la loi tragique - celle de la finitude - qui, au-delà de toute conviction, donne force et vérité à leur message. D'où la dimension orale de ces textes qui revisitent la scène de l'oeuvre romanesque et, de Cris à La Porte des Enfers, réorchestrent des thèmes chers à Laurent Gaudé, auxquels la forme brève donne une singulière puissance.

Les oliviers de Négus, titre et première nouvelle du recueil.
Vraiment étrange, Gaudé, d' habitude est plutôt exact dans dans ses réferences historiques, et il fait naitre et mourir Haile Selassie en Italie... Je reste perplexe, puis je comprend, Zio Négus est le surnom d'un vieil homme.
Hanté par son engagement aux côtés de Mussolini pour combattre en Ethiopie, c' est ancien soldat vit dans le remord. Il ne se pardonne pas d' avoir participer à une tuerie. Tous les morts viennent derrière Frédéric II et malgré les oliviers, Zio ne peut lutter ni contre ses peurs ni contre les revenants. Il devient un exclu, un homme qu' on évite. Le narrateur viendra assister aux funérailles, et en faisant la route qui le mène près du mort, il se souviendra de cet être étrange.

Le bâtard du bout du monde.
Il s' appelle Lucius, ce soldat romain qui n' a de toute sa vie rien fait d' autre que de se battre pour sa mère patrie, cette Rome antique qui partout a laissé des traces. Et voilà que sur commande, lui aussi, comme "Négus" va tuer...sans se poser de question, juste obéir à un ordre, mais pas un ennemi, non...Un des siens, un qui aurait pu être son père.
De nouveau Gaudé va nous guider dans un monde étrange que seul le remord peut créer.

Je finirai à terre.
Notre narrateur c' est Gaston Brache, caporal au 5e régiment. Soldat pendant la guerre de 14/18.
Nous sommes au coeur de l' Artois, pendant les bombardements de la "grande guerre". Elle est souillée notre terre, par ses soldats (à leur insu), alors elle veut se venger. Gaston n'est qu' un simple caporal, enfermé comme tant d' autres dans ses tranchées et lui aussi, ne faisant qu' obéir aux ordres. Encore un de ces jeunes gens brisés par les horreurs de la guerre.
Note personnelle:
J' ai toujours une réaction particulière lorsque' on fait référence à cette guerre. Un de mes grand-père était revenu, il avait "fait" les tranchées et avait été gazé. Je ne l' ai jamais entendu en parler, ce que je sais c' est ce que ma grand-mère ou mes oncles et tantes en disaient, mais pas devant lui.
En revanche, un jour où mon père lui proposât d' aller  revoir certains sites du côté de Verdun, je l' ai entendu répondre: "Si j' y retourne, je vais y mourir." Nous étions dans les années 60, et cet homme que je considérais du haut de mes 10 ans comme un roc me parut si fragile. Une génération entière de jeunes gens brisée, gâchée, traumatisée... Comme je t' ai aimé, comme tu fais encore parti de ma vie, toi qui pourtant ne me parlais que des bonnes choses du passé et était plein d 'espérance pour mon futur. Comme avec tous les défauts que tu avais je t' aime encore, toi qui est parti à la fin de mon enfance.

Tombeau pour Palerme.
Dans cette nouvelle, si la mort est toujours présente, il s' agit ici des "fameux" juges anti-mafia, qui, au risque de leur vie luttent contre le crime organisé en Sicile.
Ce récit est celui d' un juge qui vient de perdre de façon tragique un "jumeau", il lui rend hommage. Tout au long de sa promenade, "la marche de Ballaro", il va remettre en question le but même de son existence. Puis il fera demi tour et acceptera la fatalité, sans regret il continuera de se battre.

Quatre nouvelles, dont seule la dernière n' est pas empreinte de remords, mais juste peut-être de regrets. J' ai encore une fois était séduite par l' univers et le style de Gaudé.

vendredi 27 juin 2014

Et puis Paulette...

Barbara CONSTANTINE

Couverture: Hélène Crochemore

Quatrième de couverture:

Ferdinand vit seul dans sa grande ferme vide. Et ça ne le rend pas franchement joyeux. Un jour, après un violent orage, il passe chez sa voisine avec ses petits-fils et découvre que son toit est sur le point de s'effondrer. À l'évidence, elle n'a nulle part où aller. Très naturellement, les Lulus (6 et 8 ans) lui suggèrent de l'inviter à la ferme. L'idée le fait sourire. Mais ce n'est pas si simple, certaines choses se font, d'autres pas...


Après une longue nuit de réflexion, il finit tout de même par aller la chercher.


De fil en aiguille, la ferme va se remplir, s'agiter, recommencer à fonctionner. Un ami d'enfance devenu veuf, deux très vieilles dames affolées, des étudiants un peu paumés, un amour naissant, des animaux. Et puis, Paulette...


J' ai pris un grand plaisir en lisant ce livre.
Il est frais, écrit simplement, les sentiments sont évoqués avec pudeur, comme les héros de cette histoire.
Barbara Constantine fait revivre une vieille ferme, en ajoutant au fil des pages des personnages plus improbables les uns que les autres.
Des petits garçons, dont l' un écrit des lettres à sa "tâta-mamie" morte, un âne qui comprend ce qu'on lui dit, des vieilles femmes qui reçoivent les gens avec un fusil, des gens ordinaires qui portent en eux des histoires extraordinaires...Des douleurs, des peurs, et les tragédies des non-dit.
Et au bout du compte-conte, une ferme du bonheur, du partage.

dimanche 22 juin 2014

Fleur de tonnerre

Jean TEULÉ

Couverture: d'après une illustration de Frédéric Poincelet.

Quatrième de couverture

Ce fut une enfant adorable, une jeune fille charmante, une femme compatissante et dévouée.
Elle a traversé la Bretagne de part en part, tuant avec détermination tous ceux qui croisèrent son chemin : les hommes, les femmes, les vieillards, les enfants et même les nourrissons.
Elle s'appelait Hélène Jégado et le bourreau qui lui trancha la tête, le 26 février 1852 sur la place du Champ-de-Mars de Rennes, ne sut jamais qu'il venait d'exécuter la plus terrifiante meurtrière de tous les temps.

Sous la plume acérée de Jean Teulé, Hélène reprend vie et accomplit son destin, funeste et fascinant.

Inspirée de faits réels, Jean Teulé, avec cette plume que j' aime, se laisse aller à imaginer la vie plus ou moins romancée de Hélène Jégado.
C' est bien écrit, mais tout au long de la lecture je me demandais ce que l' auteur voulait vraiment me dire.
Les deux perruquiers normands, (fil rouge de l' histoire?), traversent avec Hélène le pays breton. Je m' interrogeais parfois, au delà de toutes ces légendes bretonnes que j' aime tant, n' étions-nous pas au coeur du moyen-âge... et l' attaque d' un bateau m' a particulièrement étonnée. Les bretons n' ont pour moi jamais été des barbares.
Je n'ai pas aimé le dernier paragraphe, auquel je n' ai trouvé aucun intérêt.
Je ne suis pas sûre qu' Hélène Jégado était une malade mentale, elle semble suivre un chemin et vouloir simplement être exceptionnelle. Et c'est en cuisine et en manipulation des poisons qu' elle excelle.
J' aurai aimé que Jean Teulé nous parle davantage du procès, et nous explique qui était ce jeune avocat, Magloire Dorange. Je n' ai trouvé sur lui que très peu d' éléments. Etait-il un abolitionniste ou un opportuniste...En ce XIX ème siècle, bien des choix étaient possibles.
Ce n'est pas mon Teulé préféré, mais j' ai au moins découvert une héroïne bretonne...même négative.

jeudi 5 juin 2014

Le manoir du mystère

Heather GRAHAM

Quatrième de couverture

Quand l’agent Angela Hawkins accepte de devenir la coéquipière du brillant enquêteur Jackson Crow, elle est loin d’imaginer ce qui l’attend. Tout ce qu’elle sait, c’est que la femme d’un sénateur est morte en tombant du balcon de l’une des plus belles demeures du quartier français de La Nouvelle-Orléans. Et que, pour presque tout le monde, elle s’est jetée dans le vide, désespérée par la mort récente de son fils. Mais à peine Angela commence-t-elle son enquête avec Jackson que l’hypothèse du suicide lui semble exclue. Guidée par son intuition et par des visions inquiétantes où elle voit la jeune femme en danger, Angela est en effet persuadée que dans l’entourage du sénateur, chacun est moins innocent qu’il n’y paraît. Mais de là à tuer ? Décidés à dévoiler la sombre vérité, Angela et Jackson vont non seulement risquer leur vie… mais, aussi, leur âme.
Traduit de l' américain par Julie Albizzi.

Ce volume est le premier de la série "Krewe of Hunters" et le deuxième que je lis (j'ai presque écrit le second, je ne sais pas si j' aurai le courage de lire le troisième).
Nous voyons cette équipe "spéciale" du FBI se former.
Les amitiés et les amours vont se former au coeur de cette équipe, ils sont tous beaux et parfaits, et leur intelligence va leur permettre de venir à bout des fantômes, des méchants... 
Le quatrième de couverture me laissait espérer au moins une histoire de fantôme palpitante ainsi qu' une enquête policière au moins agréable à lire. Je me suis ennuyée. 

lundi 2 juin 2014

Mises à mort

Danielle THIERY

Quatrième de couverture

Dans les eaux du Rhône, on repêche le corps d'une femme aux longs cheveux, qui porte un mystérieux tatouage à l'aine. Une ancienne gloire de la tauromachie est retrouvée sauvagement mutilée, dans une chambre d'hôtel sordide. À trois cents kilomètres de là, dans les sous-bois, un cadavre aux chairs carbonisées gît, mutilé selon le même rituel... Edwige Marion, jeune commissaire, est confrontée à une série de meurtres atroces, apparemment sans mobile. Pour tout indice, des pollens de la forêt des Landes, quelques cheveux, et une intuition obsédante : tout semble lié à la corrida.


Bien sûr, je ne lis jamais les livres dans l' ordre, et celui-ci vient avant "Origine inconnue", qui lui même vient avant "Affaire classée"... Mais, heureusement  les histoires sont indépendantes les une des autres.
Marion n' a pas encore adopté Nina, et son fiancé n'est pas le même, mais si le commissaire est une femme libre, elle n' est pas pour autant libertine. 
Encore une affaire rondement menée par le jeune commissaire de police Edwige MARION.
Les deux premiers assassinats vont la mener dans les landes, où d' autres crimes ont été commis, et plus particulièrement dans le milieu de la tauromachie. 
Entourée de son équipe, elle rejoint Bordeaux où elle fait la connaissance du commissaire Cadeau, beau gosse, sûr de son charme et dragueur impénitent.
En parallèle nous suivons les visions, les rêves de Maria-Luna, cette superbe jeune femme aux cheveux si blonds...Elle nous raconte son enfance, sa vie...
Et on se prend à cette histoire si peu ordinaire, à cette vie tragique... Et comme Marion qui suit son instinct, on court après le ou les meurtriers. Entre le vrai et le faux, la folie, la vengeance, les rituels...
Je finis le livre aussi épuisée que Marion.
Finalement j' ai bien fait de persévérer, Danielle Thiéry me séduit tout doucement, au fil de ses énigmes et de mes lectures.

dimanche 1 juin 2014

Miss Marple au club du mardi

Agatha CHRISTIE

Couverture : Photo Jonh Foley

Quatrième de couverture:

Les amis de miss Marple ne s'y attendaient guère... Comment ! La délicieuse vieille demoiselle est un amateur averti de mystères inexpliqués, problèmes insolubles et autres morts peu naturelles ? Qui l'eût cru ? Dire qu'on ne la pensait capable que de bavarder et tricoter !
Et voilà que, du fond de son fauteuil, miss Marple résout les énigmes les plus déconcertantes ! Mais d'où lui vient ce talent caché ? La paisible miss Marple n'a jamais quitté son village !... Justement ! Un village est un excellent sujet d'étude, pour qui aime exercer ses facultés de déduction. Et la nature humaine n'est-elle pas partout la même ?


Nous sommes à une époque où les longues soirées d' hiver se passaient au coin du feu, avec des amis.
Ils se réunissaient et afin de passer le temps imaginaient des jeux.
Ils décident de se réunir chaque mardi, et devront à tour de rôle raconter une histoire "mystérieuse", les participants essayant de résoudre l' énigme proposée.
Raymond West, un bon écrivain, neveu de miss Marple, Joyce Lemprière, une artiste, sir Henry Clithering, ancien inspecteur du Scotland Yard, Pender, le pasteur de la paroisse, Mr Petherick, le notaire, le colonel Bantry et son épouse… et bien sûr, notre tricoteuse et sémillante héroïne, miss Jane Marple sont quelques-uns des membres de ce club.
Nous allons alors découvrir de courtes énigmes:
"Le club du mardi", "Le sanctuaire d' Astarté", "Les Lingots d'or", "Le Perron sanglant", "Une tragédie de Noël", "L'Herbe de mort" et "L'Affaire du bungalow".
Miss Marple est celle qui devient la grande championne.
Chaque cas concret lui rappelle une anecdote, une personne, un moment de la vie de St Mary Mead…

Je n' ai pas apprécié ce recueil de nouvelles. J' ai trouvé Miss Marple imbue d' elle même, elle n' accorde aux domestiques qu 'un regard méprisant. Les femmes sont trop souvent considérées comme de ravissantes idiotes. Quant aux énigmes, elles sont trop courtes pour qu' on s 'attache aux personnages, j' imagine en revanche que certaines adaptations cinématographiques ont pu être réussies.