jeudi 25 février 2021

La place d' Annie ERNAUX

 


Quatrième de couverture : 

Il n'est jamais entré dans un musée, il ne lisait que Paris-Normandie et se servait toujours de son Opinel pour manger. Ouvrier devenu petit commerçant, il espérait que sa fille, grâce aux études, serait mieux que lui.
Cette fille, Annie Ernaux, refuse l'oubli des origines. Elle retrace la vie et la mort de celui qui avait conquis se petite "place au soleil". Et dévoile aussi la distance, douloureuse, survenue entre elle, étudiante, et ce père aimé qui lui disait : "Les livres, la musique, c'es bon pour toi. Moi, je n'en ai pas besoin pour vivre."
Prix Renaudot 1984

Annie Ernaux, dans un style très dépouillé nous raconte son père. Cet homme, placé très jeune comme commis de ferme, qui devint ouvrier, puis commerçant. Cet homme sans culture, mais pas inculte. Cet homme rustre, mais pas sans classe.
Remords ou regrets peut-être de s’être éloignée de lui, elle lui rend hommage ; il l’a guidée jusqu’à l’âge adulte, sans vraiment lui montrer à quel point il pouvait être fier d’elle.
Le style peut être déroutant. Pur, sans fioriture, aucun emballement quel que soit l’évènement. Elle raconte son enfance, la vie de son père. Nous sommes chez elle, avec sa famille, et leur langage.
J’ai vu dans cette biographie l’histoire toute simple d’un milieu de petites gens laborieux, courageux.
Des gens qui ne se racontent pas, parce qu’on ne veut pas se montrer, risquer d’être jalousé. Ne surtout pas attiser l’envie. L’obsession du qu’en dira-t-on. Le refus de paraitre.

Il y a quelques années je découvrais « Une femme » où Ernaux évoquait sa mère. Même style épuré, même pudeur à mettre en scène son enfance, ses parents.

Annie Ernaux 
Septembre 2019
Photo source 
Samia Basille Audible.fr Blog


J'ai trouvé sur le net cette photo qui semble représenter 
le père d'Annie Ernaux? Si vous avez des infos… contactez-moi!
Monsieur Duchesne 

mercredi 17 février 2021

Buveurs de vent de Franck BOUYSSE


Quatrième de couverture :

    Ils sont quatre, nés au Gour Noir, cette vallée coupée du monde, perdue au milieu des montagnes.
Ils sont quatre, frères et sœur, soudés par un indéfectible lien.
    Marc d’abord, qui ne cesse de lire en cachette.
    Matthieu, qui entend penser les arbres.
    Puis Mabel, à la beauté sauvage.
    Et Luc, l’enfant tragique, qui sait parler aux grenouilles, aux cerfs et aux oiseaux, et caresse le rêve d’être un jour l’un des leurs.
    Tous travaillent, comme leur père, leur grand-père avant eux et la ville entière, pour le propriétaire de la centrale, des carrières et du barrage, Joyce le tyran, l’animal à sang froid…

Mon avis :

Perdu entre Corrèze et Cantal, le Gour noir est un barrage hydro-électrique. Tous les habitants, de la vallée vivent, directement ou indirectement de la centrale, de la carrière ou du barrage et se trouvent sous le joug de Joyce. Joyce n’est pas un patron ordinaire, c’est un tyran. Il maintient ce peuple, dont pourtant il est issu, d’une main de fer, n’hésitant pas à envoyer ses mercenaires ou ses chiens semer la terreur.
Il y a la famille Volny. 
Martin et Martha, les parents. Elle bigote, lui lâche.
Quatre enfants dont aucun n’est banal, une mère et un père qui semblent si loin des réalités des enfants. Et un grand- père, Elie qui ressemble tant au pirate (au perroquet) Long John Sylver!
Il y a Gobbo, le troubadour, qui s’est installé à la sortie du village, dans une cabane. Qui ne demande rien à personne et raconte des histoires.
Et la plume, la magnifique plume de Franck Bouysse, qui nous invente un monde très particulier, ou nos repères sont faussés. Un monde où des enfants s’attachent à des cordes pour se jeter d’un pont et frissonner. 
Je reconnais que ce roman n’est pas facile. Mais les mots chantent, m’enchantent. 

Découvert avec « Né d’aucune femme » j’aime décidément l’écriture de Franck Bouysse.

Photo source: La Corrèze 
Le barrage du Gour Noir sur la Vézère


mardi 9 février 2021

Meurtre en coulisse de Faith MARTIN

Une enquête de Loveday & Ryder



Quatrième de couverture :

Septembre 1960. Alors que la ville d’Oxford se prépare pour le premier concours de beauté Miss Miel au Old Swan Theatre, une des principales candidates est retrouvée morte. Un suicide, ou l’élimination d’une concurrente gênante ? Dans cette atmosphère de compétition féroce, la liste des suspects est interminable. Pour mener l’enquête, pas le choix : il faut se fondre dans la masse. Et quand, à son grand embarras, la jeune policière Trudy Loveday se voit obliger d' intégrer les rangs des prétendantes à la couronne, elle découvre un monde où, en coulisse, tous les coups bas sont permis.
Entre mauvais tours, chantages et duperies, elle et le Dr Clement Ryder doivent rapidement repérer le coupable, avant que l’événement devienne une course mortelle pour remporter le prix…
Traduit de l'anglais (Royaume-Unis) par Alexandre Herscovici-Schiller.

Mon avis :

Quel plaisir de retrouver nos deux héros, la jeune policière encore stagiaire Trudy Loveday et le vieux légiste Clement Ryder.  
Nous sommes dans ses années soixante, une époque qui aujourd'hui nous parait douce.
Nous sommes dans un monde où les femmes doivent s'imposer dans des métiers réservés aux hommes, où les parents rêvent pour leurs filles d'un mariage, avec un gars plutôt gentil, ou un beau parti. 
Ryder continue de faire confiance au talent naissant de la jeune stagiaire. Ensemble ils vont enquêter dans l'univers d'un concours de beauté.
Être élue "Miss Miel" donnera à la lauréate un passeport pour faire son entrée dans le monde de "Miss Angleterre", de faire des rencontres, de changer de monde.  Pour les autres, faire des connaissances hors de leur milieu, et peut-être un mariage, sinon riche, au moins aisé. À défaut d'être toutes superbes, elles ont toutes beaucoup de charme. 

Comme pour les deux précédents romans, j'ai aimé la couverture. 
Elle est de l'illustratrice Djorh (Guedra).
Elle est parfaite pour ce roman. 
Le rouge flamboyant comme les jeunes femmes.

Faith Martin, 
Photo source
Babelio

samedi 6 février 2021

Lou confinée de Jojo MOYES

 


Présentation de l'éditeur :

Comme nous tous, Lou Clark est enfermée.

Mon avis:

C'est une petite nouvelle, (30 pages version numérique) offerte par l'éditeur. (Éditions Hauteville)
C'était pour moi l'occasion de découvrir Jojo Moyes.
Lou est confinée chez ses parents, son compagnon est aux États-Unis.
Une belle idée pour partager pendant les heures sombres de la pandémie.


Jojo Moyes 2020
Photo source
The list

jeudi 4 février 2021

Sukkwan Island



Quatrième de couverture: 

Une île sauvage du Sud de l’Alaska, accessible uniquement par bateau ou par hydravion, tout en forêts humides et montagnes escarpées. C’est dans ce décor que Jim décide d’emmener son fils de treize ans pour y vivre dans une cabane isolée, une année durant. Après une succession d’échecs personnels, il voit là l’occasion de prendre un nouveau départ et de renouer avec ce garçon qu’il connaît si mal. Mais la rigueur de cette vie et les défaillances du père ne tardent pas à transformer ce séjour en cauchemar, et la situation devient vite incontrôlable. Jusqu’au drame violent et imprévisible qui scellera leur destin.
Prix Médicis 2010.
Traduit de l'américain par Laura Derajinski
Préface inédite de Delphine de Vigan
Postface inédite  l'auteur 

Mon avis : 

Je ne peux pas rester indifférente en lisant ce roman. Tout mon être se met en hibernation, je bloque ma respiration, et sans que j'analyse vraiment pourquoi, je suis happée par l'histoire. Elle résonne en  moi comme l'appel au secours d'un homme malade et qu'on a pas su ou pas pu soigner. 
Un père trop fantasque, immature, qui rêve de partager une aventure avec son fils. 
Un fils, malheureux instrument du destin qui ressent le devoir de "sauver" son père.
Un gamin de treize ans rêve d'aventures amoureuses, de plage, de copains et de braver les interdits.
Un roman sinon autobiographique, largement inspiré de la vie  de David Vann. 
Une histoire qui m'a permis de mieux cerner cet auteur qui décidément me séduit à chaque lecture! 

David Vann 2020 
Photo Source 
Édition Gallmeister 



mardi 2 février 2021

La danse de l'ours de James CRUMLEY

 



Quatrième de couverture :

L’ancien détective privé Milo Milodragovitch s’est assagi. Son job paisible d’agent de sécurité à Meriwether, Montana, lui permet d' attendre patiemment l’héritage parental prévu pour le jour de ses cinquante-deux ans. Mais une riche vieille dame, autrefois maîtresse de son père, vient remuer de vieux souvenirs et lui confier une enquête à la fois facile et lucrative. Milo saute sur l'occasion. Bien sûr la prétendue mission de routine se met à exploser en tous sens et se transforme sans tarder en une course frénétique entre voitures en feu, lancers de grenades, tirs de mitrailleuses et rails de cocaïne.
Traduit de l' américain par Jacques Mailhos.

Mon avis : 

Dans ce roman noir, j'ai retrouvé l'univers glauque de Milo, cet anti-héros alcoolique et drogué, devenu vigile et gaspillant sa vie en attendant son héritage.
Il ne sait plus très bien qui est Sarah Weddington, cette vieille dame excentrique qui fut la dernière maitresse de don père. Il doit encore attendre pour toucher son héritage. Alors pourquoi ne pas accepter cette affaire qu'elle lui propose et qui parait si simple, si anodine. 
Des courses poursuites, des tirs, des gens qui meurent, des explosions, de l'alcool, des rails de drogue. Un héros qui se laisse manipuler. 

James Crumley (1939-2008)
Photo source  
Sylvain Bonnet
 30/05/2016