mardi 30 janvier 2018

HHhH

Laurent BINET

Quatrième de couverture

Prague, 1942, opération « Anthropoïde » : deux parachutistes tchèques sont chargés par Londres d'assassiner Reinhard Heydrich, le chef de la Gestapo et des services secrets nazis, le planificateur de la Solution finale,      
le « bourreau de Prague ».

 Heydrich, le bras droit d'Himmler. 
Chez les SS, on dit de lui : « HHhH ». 
Himmlers Hirn heist Heydrich - le cerveau d'Himmler s'appelle Heydrich.


Dans HHhH, les faits relatés comme les personnages sont authentiques. Pourtant, une autre guerre se fait jour, celle que livre la fiction romanesque à la vérité historique. L'auteur doit résister à la tentation de romancer.

 Il faut bien, cependant, mener l'histoire à son terme…

Mon avis

C'est un roman surprenant. Bien écrit, agréable à lire, mais surprenant. En effet l'auteur retrace l'opération visant à assassiner Heydrich, (la bête blonde), bras droit d'Himmler. Les faits relatés sont graves, Binet veut rendre hommage à ces hommes, mais aussi à tous les anonymes qui les ont aidés… Il ne veut pas qu'on oublie!
Mais il ne veut pas d'un roman historique. Il voudrait passionner le lecteur uniquement avec des faits avérés, pas d'interprétation romancière.
Et de chapitre en chapitre, Binet nous promène au coeur de la résistance tchécoslovaque et de son désir de rester au plus proche de la réalité, de ne pas "interpréter"!

J'ai aimé ce cas de conscience, j'ai aimé cette étonnante façon de nous promener au coeur d'une réalité historique… J'ai aimé ces trois hommes, Gabcik,  Kubis, Valcik, je les cite, pour à mon tour leur rendre hommage!

Merci Laurence pour ce joli cadeau!
Son avis  ICI

jeudi 25 janvier 2018

Le Turquetto

Metin ARDITI

Quatrième de couverture

Se pourrait-il qu'un tableau célèbre - dont la signature présente une anomalie chromatique - soit l'unique oeuvre qui nous reste d'un des plus grands peintres de la Renaissance vénitienne : un élève prodige de Titien, que lui-même appelait "le Turquetto" (le petit Turc) ? Metin Arditi s'est intéressé à ce personnage.
Né de parents juifs en terre musulmane (à Constantinople, aux environs de 1519), ce fils d'un employé du marché aux esclaves s'exile très jeune à Venise pour y parfaire et pratiquer son art. Sous une identité d'emprunt, il fréquente les ateliers de Titien avant de faire carrière et de donner aux congrégations de Venise une oeuvre admirable nourrie de tradition biblique, de calligraphie ottomane et d'art sacré byzantin.Il est au sommet de sa gloire lorsqu'une liaison le dévoile et l'amène à comparaître devant les tribunaux de Venise… 

Metin Arditi dépeint à plaisir le foisonnement du Grand Bazar de Constantinople, les révoltes du jeune garçon avide de dessin et d'images, son soudain départ... Puis le lecteur retrouve le Turquetto à l'âge mûr, marié et reconnu, artiste pris dans les subtilités des rivalités vénitiennes, en cette faste période de la Renaissance où s'accomplissent son ascension puis sa chute.

Ma rencontre avec "L'homme au gant"     ICI

Lors de notre visite du musée Fesch d'Ajaccio, en novembre 2014 (le cardinal Fesch, demi frère de Laetizia Bonaparte, accumula au cours de son existence de véritables trésors),  au détour d'une des salles, quelle ne fut pas ma surprise en découvrant une oeuvre dont ma fille m'avait quelques jours plus tôt beaucoup parlée, suite à sa lecture de " Le Turquetto" de Metin Arditi.
Alors, je ne sais plus… L'oeuvre serait différente de celle exposée au Louvre…peu importe.
Ma fille était si enthousiaste après la lecture de ce roman, que cette découverte fut pour moi un petit plus dans ma visite.
Quelques années plus tard, Noël dernier pour être précise, j'ai eu la bonne surprise de trouver sous le sapin ce joli roman, merci Laurence!
L'avis de Laurence   ICI

Mon avis

Metin Arditi nous raconte l'histoire de Elie Soriano, juif ottoman, qui, pour pouvoir peindre devient "le Turquetto". 
C'est l'occasion pour l'auteur de nous faire découvrir la Constantinople des années 1520, la pauvreté, les différences entre les religions et surtout les relations entre ces peuples de religions et coutumes différentes. Puis la Venise de la Renaissance avec sa beauté, sa richesse, ses bas-fond et sa puanteur.
En donnant à son jeune héros un regard acéré sûr le monde et les hommes qui l'entourent et le talent d'un grand peintre, il l'oblige à tricher pour pouvoir apprendre, pour exercer son art.
Parce qu'en ces temps de Renaissance, les religions sont puissantes…
Si comme le suggère l'auteur, "L'homme au gant" n'est pas l'oeuvre du Titien, alors l'autodafé est réelle, et nous sommes privés du sublime, "le Turquetto" a droit à une réhabilitation.
Si l'auteur a juste profité d'un doute sur la signature de l'oeuvre, il a bien fait, car grâce à ce subterfuge, j'ai passé de belles heures de lecture et "Le Turquetto" est devenu vivant! 

lundi 22 janvier 2018

13 à table! 2018

Pour célébrer l'amitié 

Françoise BOURDIN 
Michel BUSSI Maxime CHATTAM 
Adélaïde de CLERMONT-TONNERRE 
François d'EPENOUX Éric GIACOMETTI 
Karine GIEBEL Christian JACQ 
Alexandra LAPIERREMarcus MALTE 
Agnès MARTIN-LUGANDRomain PUÉRTOLAS 
Jacques RAVENNE Leïla SLIMANI 

INÉDIT


Illustration de la couverture : Sempé

Cette année encore, quel plaisir que de retrouver de grands auteurs de la littérature française.
Merci à eux d'avoir mis leur plume au profit des " Restaurants du coeur".
Ne croyez pas que je sois paresseuse, que je n'ai pas envie de faire une chronique, 
mais je trouve que ce que j'ai écrit en 2017 est toujours actuel!
Je reproduis donc!

Je ne ferai pas de critique pour chacune des nouvelles. Je les ai lu dans l'ordre alphabétique des auteurs, parce que c'est ainsi qu'elles sont présentées. J'ai donc résisté à les lire en fonction de mes goûts littéraires. 
Ne mettez pas ce petit livre de côté, n'hésitez pas à le lire, comme moi peut-être découvrirez-vous certains auteurs, peut-être serez-vous heureux de retrouver vos favoris, et ne serez-vous pas mécontent de relire certains "boudés".

J'ai retrouvé dans "Le monde est petit" de Agnès Martin-Lugan les personnages de "Merci la maîtresse" (2017 Thème anniversaire). Une belle idée d'auteur! 

dimanche 14 janvier 2018

De la terre dans la bouche

Estelle THARREAU

Présentation de l'éditeur

Les vieux de Mont-Éloi savent pourquoi ils s'aiment ou se détestent, même si les autres l'ignorent. La seule histoire à laquelle il faut croire est celle qu'ils ont écrite au musée de la Chênaie.
Elsa refusera cette vérité lorsque sa grand-mère lui léguera une maison perdue dans la forêt, à deux pas d'un village martyr.

Quarante années ne seront jamais suffisantes pour oublier et chasser les fantômes du passé.


Mon avis

C'est ma troisième rencontre "livresque" avec Estelle Tharreau, c'est aussi son troisième roman après "L'orage" et "L'impasse" et je suis toujours aussi séduite. 

L'histoire commence en décembre 1986. En léguant une maison à sa petite fille Elsa, Rose Amiotte ne transmet pas simplement un bien, mais une histoire, l'histoire d'un village et son histoire. Surprise par ce bien dont elle ignorait l'existence, Elsa va découvrir, avec le passé de son aïeule, ses propres origines. 
"La braconne" n'est pas, contrairement à toute attente, une ruine au milieu de nulle part. C'est une petite maison bien entretenue… par Georges et son petit-fils Frédéric Prévalin.

Les horreurs de la guerre, des hommes et des femmes devant faire des choix, devant vivre, survivre…se nourrir, protéger leurs enfants… leurs parents parfois… La peur, la violence, la haine, La Misère!
Et parfois, au croisement d'une vie, l'amour, la tendresse, la générosité, L'Espoir!
Des gens "ordinaires", qui ne demandaient qu'à vivre en paix, ces anonymes qui forment un peuple et qu'on oublie bien vite, bien trop vite! L'auteur les décrit avec talent, leur rend un vibrant hommage. Les choix sont si difficiles en ces temps de guerre. 
Comme dans ses autres romans, Estelle Tharreau ne nous ménage pas. Le suspense est présent jusqu'au bout. Les personnages sont forts, bien décrits, vivants. 
J'ai pleuré en lisant certains passages, je ne suis pas particulièrement émotive et pourtant les larmes coulaient! Toutes ces vies gâchées, mais toutes ces vies sauvées aussi… Toutes nos vies!
Merci Estelle de ne pas oublier, de nous permettre de nous souvenir de ces hommes, de ces femmes, de leurs combats, de parler aujourd'hui en leur nom! Et de le faire avec talent! 

Merci aux éditions Taurnada et à Joël Maïssa pour ce partenariat.