vendredi 30 juillet 2021

Le pays des autres de Leïla SLIMANI

 


Quatrième de couverture :

"“Ici, c'est comme ça.”
Cette phrase, elle l'entendrait souvent. À cet instant précis, elle comprit qu'elle était une étrangère, une femme, une épouse, un être à la merci des autres."

En 1944, Mathilde tombe amoureuse d'Amine, un Marocain venu combattre dans l'armée française. Rêvant de quitter son Alsace natale, la jeune femme s'installe avec lui à Meknès pour y fonder une famille. Mais les désillusions s'accumulent : le manque d'argent, le racisme et les humiliations fragilisent leur couple. Dans ce pays ambivalent, qui réclame une indépendance que les hommes refusent pourtant aux femmes, Mathilde réussira-t-elle à poursuivre sa quête de liberté sans heurter ceux qu'elle aime ?

Mon avis :

Mathilde est une jeune et jolie alsacienne. Elle est grande, bien charpentée, elle aime s’amuser, flirter aussi. Elle parait libre en ces temps de fin de guerre, c’est une enfant gâtée. Alors, lorsqu’elle tombe amoureuse d’Amine, ce soldat si beau, tellement médaillé, elle l’épouse avec la bénédiction de son père!
Nos jeunes tourtereaux s’envolent pour le pays du soleil, loin du Rhin, loin des sapins de Noël, des griottes et du kirch. La plantation sur laquelle elle va vivre n'est pas encore prospère. Elle va connaitre la vie des premiers colons, devoir se battre contre une terre aride, contre une famille hostile, contre des voisins méprisants.
Le métissage n’est jamais facile. Deux religions, deux cultures. Dans leur cas, c’est plus la culture que la religion qui s’impose et les divise.
Dans les années quarante le sort des femmes n’est enviable sur aucun continent. Peu à peu on voit émerger des pionnières, des féministes, souvent mal vues. Si le combat commence, il sera long, et Mathilde aura fort à faire pour se faire respecter.
J’ai aimé dans ce roman l’amour entre Amine et Mathilde. Elle devient Mariam pour protéger cet amour et sa famille.
Leïla Slimani reste très sobre dans son approche de cette saga, inspirée par ses ancêtres.
Un agréable moment de lecture.

Leïla Slimani
Photo source 
"L'orient Littéraire" 
Numéro 166 
Avril 2020


mardi 27 juillet 2021

En attendant Bojangles d' Olivier BOURDEAUT

 


Quatrième de couverture :

Devant leur petit garçon, ils dansent sur «Mr. Bojangles» de Nina Simone. Chez eux, il n'y a de place que pour le plaisir, la fantaisie. Celle qui mène le bal, c'est la mère, feu follet imprévisible. Elle les entraîne dans un tourbillon de poésie pour que la fête continue coûte que coûte. L'amour fou n'a jamais si bien porté son nom.

Mon avis :

Je suis très partagée sur ce roman.
Cette belle histoire d’amour que vit Georges, décidant de vivre au rythme sa fantasque épouse. On sent bien son addiction à l’alcool, les cocktails dont elle est si friande, si tôt le matin… On sent bien la maladie sournoise, qui déjà blesse sans le dire !
Alors pourquoi pas effectivement, sachant que le désespoir n’est pas loin, pourquoi ne pas vivre, ne pas réaliser jusqu’au bout les rêves de la femme qu'il aime. Il est là, il guette ce mal sournois.
Quelle belle preuve d’amour que de vivre au quotidien la maladie !
Lorsque l’enfant parait, la fête ne s’arrête pas et c’est enivré de bonheur que le petit garçon suit cette si jolie, si amusante et aussi, il faut bien le dire si aimante maman.
Je n’ai pas aimé que Georges le sacrifie à son épouse. Pas d’école, parfois de l’alcool, des cigarettes aussi. Georges, si sublime dans son amour, si ignorant de son fils.
Si on reste dans le domaine du rêve et du fantasme, c’est un joli petit roman, beaucoup d’anecdotes charmantes. Une jolie plume et une belle imagination.

M. Bojangles 

Paroles et musique de Jerry Jeff Walker
Traduction par Damian

Je connais un homme Bojangles
Et il a dansé pour vous
Dans des chaussures usées
Avec des cheveux d'argent, une chemise en lambeaux
Et pantalons baggy, le vieux danser de claquettes
Il sautait si haut, il sautait si haut
Puis il retombait avec légèreté
Je l'ai rencontré dans une cellule à la Nouvelle Orléans
J'étais au plus bas
Il me regarda d'être les yeux de l'âge
Comme il parlait dès la sortie
Il a parlé de la vie, il a parlé de la vie
Il riait, en claquant les jambes

Il a dit son nom, Bojangles
Et il a dansé un coup à travers la cellule
Il attrapait son pantalon
En position enchaînée
Oh, il a sauté en haut
Puis il claquait les talons
Il lâcha un rire, il lâcha un rire
Ses vêtements valsaient tout autour

Mr. Bojangles, Mr. Bojangles
Mr. Bojangles, danse!

Il a dansé pour tous
A des spectacles de ménestrels et foires du comté
A travers le sud
Il parlait avec des larmes des 15 ans
Où il avait voyagé avec son chien
Son chien est mort, il est mort et
Après 20 ans, il pleure encore
Il disait: je danse maintenant
À chaque occasion dans des Honky Tonks
Pour une boisson ou un pourboire
Mais la plupart de mon temps
Je le passe derrière ces barreaux de prison de comté
Parce que je bois un peu

Il secouait la tête
Et comme il secouait la tête
J'ai entendu quelqu'un lui demander
S'il vous plaît s'il vous plaît

Mr. Bojangles, Mr. Bojangles
Mr. Bojangles, danse!

Jerry Jeff Walker (1942-2020)
Auteur-compositeur de Bojangles


jeudi 22 juillet 2021

Le village de l' Allemand ou Le journal des frères Schiller de Boualem SANSAL


Quatrième de couverture :

Quand en 1994 le GIA massacre une partie de la population du village d'Aïn Deb, près de Sétif, les frères Schiller perdent leurs parents.Mais leur deuil va se doubler d'une autre épreuve : la révélation de qui fut leur père, cet Allemand qui jouissait du titre prestigieux de moudjahid…
Basé sur une histoire authentique, ce roman relie trois épisodes dissemblables et pourtant proches : la Shoah ; la sale guerre des années 1990 en Algérie ; la situation des banlieues françaises, de plus en plus délaissées par la République. 
"À ce train, dit un personnage, parce que nos parents sont trop pieux et nos gamins trop naïfs, la cité sera bientôt une république islamique parfaitement constituée. Vous devrez alors lui faire la guerre si vous voulez seulement la contenir dans ses frontières actuelles."

Mon avis:

Une tuerie en Algérie, un village anéanti par l’horreur.
Leur père, notable musulman, ancien soldat allemand et leur mère d’origine berbère sont égorgés.
Deux frères aux parcours très différents.
Rachel (Rachid Helmut) l’aîné, a réussi ses études, marié il vit dans une banlieue cossue de la Région Parisienne.
Malrich (Malech Ulrich), « zone » dans cette même banlieue, mais dans une cité plus populaire.
Lorsqu’il découvre le passé nazi de son père, pour essayer de le comprendre, Rachel part sur ses traces en Allemagne. Ce qu’il découvre, et surtout l’absence de remords de Hans Schiller devenu Mourad le pousse au désespoir. Il se sent coupable des meurtres de son père, écrit un journal et le confie à son frère.
Malrich va à son tour enrichir ce journal. Contrairement à son aîné, ce jeune homme sans étude, mais d’une grande intelligence arrive à faire la part des choses. Il assimile le nazisme à l’islamisme radical.
Mais en aucun cas il se sent responsable des crimes de son père.
Je suis sans doute passée à côté de ce roman. 
Alors qu’en réfléchissant pour écrire ma chronique, je me suis aperçue que j’avais beaucoup appris, beaucoup compris. Mais voilà, je n’ai pas aimé le style, l’écriture.

Caricature Boualem Sansal
Source Middle East Transparent.
"Où va l'Europe?" 3 juillet 2021



dimanche 18 juillet 2021

Murder Game de Rachel ABBOTT

 


Quatrième de couverture :

La première fois que Jemma se rend dans le manoir de Polskirrin, c’est pour le mariage du richissime Lucas Jarrett. Jamais elle n’oubliera la vue saisissante de cette demeure dominant la mer, perchée sur un éperon de Cornouailles. Jamais, non plus, elle n’oubliera la vue du corps d’Alex, la sœur tant aimée du marié, échoué sur cette plage de galets au matin de la cérémonie.

Un an plus tard , elle est de retour à Polskirrin, pour célébrer le premier anniversaire de ces noces funestes.

Mais, plutôt qu'à une fête c'est à une réception macabre qu’elle et ses amis sont conviés. Un murder game au raffinement sordide : mêmes personnes, mêmes tenues, même repas … Dans une mise en scène terrifiante, Lucas a recréé la nuit qui a vu mourir sa petite soeur.

Jusqu'où le jeune homme est-il prêt à aller pour démasquer le meurtrier d'Alex? L'effroi gagne Jemma et chacun des convives : l'issue ne peut être que fatale…
Traduit de l'anglais (Royaume-Unis) par véronique Roland


Mon avis :

J’ai eu l’impression de lire une tragédie grecque.
Unité de temps ! Le temps d’un repas, le même funeste repas anniversaire. L’anniversaire d’un jour qui aurait dû être heureux et qui fut hélas tragique. Alex est retrouvée morte sur la plage, noyée, accident ?
Suicide ?
Unité de lieu ! Ce magnifique manoir « Polskirrin » dans les Cornouailles.
Unité d’action ! La mort d’Alex. Découvrir lequel des invités avait brisé l’enfance d’Alex, et donc l’aurait assassinée pour qu’elle ne le dénonce pas.

Elle est très amoureuse, Jemma, encore toute jeune mariée, et elle va enfin faire la connaissance des amis de jeunesse de son mari.
Elle découvre très vite que le seul lien entre les amis, c’est Lucas.
Quand ils reviennent un an plus tard, plus rien ne va entre Matt et Jemma.
Et c’est à ce moment-là que commence la tragédie. Ce jeu macabre et mortel inventé par Lucas pour découvrir qui a tué sa sœur un an plus tôt, et pourquoi.
C’est un jeu sordide auquel se livre le richissime Lucas Jarrett. Il profite de son influence pour obliger ses invités à participer. L’arrivée des policiers perturbe le scénario.
Stéphanie King et son compagnon Gus Brody arrivent sur les lieux pour enquêter sur la disparition d’une jeune immigrée.
Rachel Abbott est assez habile pour nous dévoiler l’intrigue tout en nous incitant à poursuivre notre lecture. On a envie de savoir si on a vu juste, si on a raison…

Une lecture agréable, Stéphanie King est une héroïne sympathique que j’aurai plaisir à retrouver.

Rachel Abbott 
Photo source Booknode


Mes lectures

mercredi 7 juillet 2021

L'oeil du chaos de Jean-Marc DHAINAUT


Présentation de l'éditeur:

Tandis qu'une canicule sans précédent frappe l'Europe, Théo, un jeune lycéen de 17 ans, est terrifié quand il réalise que les photos qu'il vient de faire dévoilent l'horreur et le chaos 21 jours à l'avance…
Mais personne ne le croit. Et lorsque, partout dans le monde, le courant disparaît, les avions s'écrasent et que toutes les cloches des chapelles et des églises se mettent à sonner inexplicablement, il est déjà trop tard.
Théo est alors loin d'imaginer l'incroyable mission de survie et d'espoir que le destin lui réserve.

Un thriller d'anticipation à la frontière du réel, percutant et chargé d'émotions.

Mon avis :

Lire un roman de Jean-Marc Dhainaut, c’est voyager dans le paranormal, chasser des fantômes et donner aux morts un vrai repos. C’est aussi aider les vivants à faire leur deuil, à continuer malgré l’absence.

Théo n’est pas un adolescent ordinaire. Passionné par la photographie, il tente de perfectionner son appareil, il bricole l’obturateur, et surprise, les photos semblent indiquer le futur. Mais qui peut le croire ?
C’est un roman qui mêle le surnaturel et le devenir de notre planète.
Si Théo ne se rend pas bien compte de l’ampleur du phénomène pollution, Drazic lui sait. Il sait aussi que ce gamin est l’espoir, qu’il peut compter sur lui. Il va donc le former. Ancien militaire il va enseigner à Théo les techniques de survie, mais aussi à se couler dans le moule, à ne jamais se faire remarquer, à passer inaperçu pour survivre dans un monde qui n’a plu ni foi, ni loi.
C’est le sixième roman de Jean-Marc Dhainaut que j’ai le plaisir de lire. On retrouve chez Théo le coté bricoleur que j’aimais chez Alan; essayer d’améliorer les instruments pour capter au-delà du réel.

Merci aux éditions Taurnada et à Joël Maïssa pour ce partenariat.


Dans les années 70, René Dumont publiait « L’Utopie ou la mort. », Richard Fleischer réalisait « Soleil vert ». Il a fallu trente ans pour qu’en septembre 2002, au IV sommet de la terre Chirac déclare lors d’un discours « Notre maison brûle et nous regardons ailleurs ».

Jean-Marc Dhainaut
Photo source Taurnada


Mes lectures de Dhainaut

samedi 3 juillet 2021

L'usage et la raison — La trilogie des Platter de Madeleine TIOLLAIS


Quatrième de couverture:

"Est-ce mon père ce vieillard assis au coin du feu dans le siège au haut dossier qui lui est réservé... ? Soixante-quinze ans nous séparent et je m'appelle Thomas Platter comme lui".

Ainsi s’interroge le jeune Thomas élevé par son père dont il porte le nom et par son frère Félix, de trente-cinq ans son aîné, médecin renommé de la ville de Bâle, en Suisse alémanique.

La famille Platter a connu au cours du XVIe siècle une ascension sociale remarquable. Elle a commencé avec Thomas, le père, qui de simple berger est devenu professeur à Bâle avant d'envoyer son fils Félix poursuivre à Montpellier des études de médecine. Celui-ci nous laissera un récit circonstancié de son séjour en cette ville avant de revenir s'installer à Bâle où il s'est marié.

Les problèmes que connaîtra le jeune Thomas dans le cadre d’une famille « recomposée » recoupent ceux que soulèvent la Réforme et les guerres de religion avant que survienne l’apaisement tant sur le plan public que privé.

Mon avis:

C’est une histoire fascinante que celle de ces trois générations de Platter.

Thomas Platter, l’ancien, jeune berger démuni a compris très jeune l’importance de l’instruction. Pour payer ses études il est cordier, il apprend le grec, l’hébreux. C’est un marcheur et il entraine à sa suite Anna, sa première épouse. Ils s’installent à Bâle, mais amoureux de la nature il acquiert un domaine où il aimera revenir à la nature, à la culture.
Anna mettra au monde Félix. Elle gère du mieux qu’elle peut le foyer, son mari s’endette et vit surtout de sa notoriété. Elle mourra  heureuse de savoir son fils marié à Madlen.

Thomas Platter le vieux
Photo source Wikipédia


Felix sera envoyé à Montpellier, sa mère lui donne une pièce pour l’aider dans son périple. (J’aime à penser qu’il a gardé toute sa vie ce petit sou, mais ça c’est personnel !)
Félix c’est mon préféré ! (1536/1614) Il est si jeune lorsqu’il part pour Montpellier, seize ans à peine, peu d’argent, quelques compagnons de voyage pas toujours fiables et la débrouille pour subsister. Il reviendra, après un périple à travers la France à Bâle pour passer sa thèse (1557). Fidèle en amour comme en amitié, il épousera Madlen, sa promise. Ils n’auront pas d’enfant, mais en élèveront beaucoup. Il prendra en charge aussi l’éducation de ses demi-frères, dont Thomas « le jeune », après le décès de son père. (Trente-six ans les séparent !)  
Au-delà de l’excellent médecin qu’il devient, de ses recherches sérieuses sur les maladies mentales (des causes naturelles et non plus à la magie ou à la possession démoniaque)
Très intéressé par l’ophtalmologie, il étudie les capacités sensorielles de la rétine et du cristallin.
Il est aussi enseignant, botaniste, pratique des autopsies.

Félix Platter 
Photo source Wikipédia


Né d’une deuxième union, Thomas Platter le jeune perd son père alors qu’il n’a que 8 ans. Félix aura à cœur de lui donner la meilleure éducation, il l’enverra faire des études à Montpellier. Comme Félix, il deviendra médecin et enseignant.
« Souviens-toi Tomilin, souviens toi », c’est ainsi que s’adressait Thomas l’ancien à Thomas le jeune. En marchant l’ancien se racontait, et le jeune apprenait ses origines !


Thomas Platter le jeune
Photo source Wikipédia


En me confiant son roman, Madeleine Tiollais me disait qu’à Bâle il existait un hôpital « Félix Platter ».

Centre universitaire Felix Platter, hôpital, Bâle.


 Elle ajoutait que ce livre était son ouvrage préféré.

Avec cet ouvrage très riche, très bien documenté, j'ai découvert une famille exceptionnelle dont j'ignorais l'existence.