mardi 27 juin 2023

La carte postale d' Anne BEREST

Une lecture passionnante. Le destin de la famille Rabinovitch ne m’a pas laissée indifférente. J’imagine le traumatisme de Myriam, la seule de sa famille à avoir traversé la guerre et la seule survivante à la Shoah. Alors elle ne raconte pas, mais elle garde une carte postale sûr laquelle quatre prénoms sont notés. « Éphraïm, Emma, Noémie, Jacques. »

Grâce à cette carte, Anne sa petite fille, aidée de sa mère Lélia, ira à la découverte de ses origines.
Elle nous entraine à sa suite et nous vivons l’exil, le long chemin parcouru par ses ancêtres, les différents exodes, les peurs mais aussi les joies. L’autrice appartient à un milieu bourgeois et intellectuel. Ses ancêtres sont cultivés et courageux.

J’ai beaucoup aimé cette saga, cette biographie qui traverse la tragédie avec dignité.

Merci Laurence pour ce joli cadeau !

Quatrième de couverture

« La carte postale est arrivée dans notre boîte aux lettres au milieu des traditionnelles cartes de voeux. Elle n’était pas signée, l’auteur avait voulu rester anonyme. Il y avait l’opéra Garnier d’un côté, et de l’autre, les prénoms des grands-parents de ma mère, de sa tante et son oncle, morts à Auschwitz en 1942. Vingt ans plus tard, j’ai décidé de savoir qui nous avait envoyé cette carte postale, en explorant toutes les hypothèses qui s’ouvraient à moi.
Ce livre m’a menée cent ans en arrière. J’ai retracé le destin romanesque des Rabinovitch, leur fuite de Russie, leur voyage en Lettonie puis en Palestine. Et enfin, leur arrivée à Paris, avec la guerre et son désastre.
Anne Berest 
19 mai 2014
Photo source Babelio



vendredi 16 juin 2023

Le temps d'un été de Kristan HIGGINS

De temps en temps j’aime bien me plonger dans un roman de Kristan Higgins. Elle dépeint parfaitement ses personnages et les intrigues amoureuses sont bien menées. Une vieille dame très riche, très snob a un jour jeté à la rue sa petite fille enceinte. Emma n’a voulu ni avorter, ni abandonner son enfant. Mais le temps a passé, la jeune femme a trouvé en elle, et aussi grâce à son grand-père maternel, les ressources pour élever sa fille et devenir psychologue.
Trop d’intrigues dans ce roman. Une arrière-petite-fille quasi parfaite pour rendre humaine une ancêtre rigide, pour ne pas dire acariâtre. Un fils disparu, un autre vénal. Un père absent. Un cadre paradisiaque pour combler l’enfer de la solitude. Trop manichéen aussi.

Ce roman ne m’a pas particulièrement plu. Une lecture « de vacances » facile pour un été à l’ombre !

Quatrième de couverture :

Quand Emma apprend que sa grand-mère, la très chic – et très riche – Geneviève London, veut faire de sa fille adolescente son unique héritière, elle manque lui raccrocher au nez. La dernière fois que les deux femmes se sont adressé la parole, Emma avait 18 ans, elle était enceinte, et Geneviève la mettait à la porte.
Aujourd’hui psychologue diplômée (quoique bien endettée) et mère formidable (à tendance un peu parano), Emma n’a plus rien à lui prouver. Mais Geneviève a ses raisons et les invite, le temps d’un été, à reformer une famille. Si c’est la dernière occasion pour Riley de rencontrer son aïeule, Emma peut bien retourner à la maison de son enfance. Pardonner à la vieille sorcière, en revanche, c’est hors de question !
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Marie Lauzeral.

Kristan Higgins
2023
Photo Lydia Leclair 
Source Facebook


Mes lectures de Kristan Higgins 

mercredi 14 juin 2023

Ne t'arrête pas de courir de Mathieu PALAIN

Ce n’est pas un simple reportage sur Coulibaly (Toumany) mais l’histoire et l'amitié entre deux hommes que tout oppose. Ils ont en commun une enfance dans des villes de banlieue parisienne et l’amour du sport.

Le sport comme exutoire de la violence, comme canalisateur afin de réguler l’adolescence ne suffit pas toujours, hélas.

Il ne court pas Toumany, il vole. 

Il remporte la médaille d'argent du 400 m et la médaille d'or du relais 4 × 400 m lors des Jeux de la Francophonie 2013, à Nice. Il devient champion de France en 2015 (en salle).

Ce grand, ce superbe jeune homme court aussi devant la police, s’enfuyant après des larcins, des vols qui ne lui apportent pas grand-chose puisqu’il redistribue ce qu’il dérobe. 

Pour l’anecdote, c’est le seul de sa fratrie (18 tout de même) à passer par la case prison.

Tant de talent gâché, tant de bêtises.

Au-delà de ce lien qu’il crée avec Coulibaly, et de cet entretien-reportage, Palain nous explique son parcours et son attirance pour les prisonniers. Ses amitiés basques et la jolie Lorentxa, incarcérée pour ses appartenances à l’ETA, sa rencontre avec Dewey Bozella boxeur condamné à tord et innocenté après 26 ans de prison. 

Merci Laurence pour ce joli cadeau! 


Quatrième de couverture :

C'est l'histoire d'un athlète qui a choisi de gâcher sa vie.
Toumany Coulibaly est champion le jour, voyou la nuit. C'est l'histoire d'un journaliste qui a grandi dans le même quartier de banlieue, à la même époque. Mathieu Palain, lui, est tombé du bon côté de la vie. C'est l'histoire d'une amitié née dans un parloir de prison, et dont chaque page est comme une décharge d'adrénaline.

Toumany Coulibaly
26 mars 2015
à Aubière sur 400 m

vendredi 9 juin 2023

Les trois saisons de la rage de Victor COHEN HADRIA

Après son décès, la fille du docteur Le Coeur découvre le journal que son père tenait. C’est plus un journal de bord qu’un journal intime. Pas de fioritures, et si parfois il se laisse aller à quelques pulsions, il reste maitre de ses émotions.
Souvent, sans le savoir, les riches paient pour les pauvres. Dans ce XIX siècle, il accompagne ses patients vers la mort. Il fait de son mieux pour aider et soulager. Il est veuf et a quelques aventures.
Ma lecture a été assez ardue mais j’ai fini par me laisser prendre à cette histoire pas si banale d’un médecin de campagne. Une lecture enrichissante, mais pas facile.

Quatrième de couverture 

En 1859, le médecin-major Rochambaud, qui suit les armées de Napoléon III dans leurs campagnes d'Italie, écrit au médecin de campagne d'un village normand, le docteur Le Coeur. A travers eux, le soldat Délicieux, ordonnance du premier, et sa famille peuvent communiquer. Ce sont de pauvres paysans illettrés, qui n'ont eu pour seul recours contre la misère, que de « vendre » leur fils, enrôlé à la place de celui de paysans prospères. Mais Délicieux se révèle, à la déception de son mentor, plus retors qu il n y paraît...
Suit le journal du médecin Jean-Baptiste Le Coeur, un veuf, père de trois enfants adultes. Ce praticien que l'on croit humaniste et vertueux y avoue ses troubles sexuels, des relations érotiques nombreuses et un tempérament de feu. Et il en faut pour accomplir ses tâches quotidiennes ! Plus de trente patients par jour dont il connaît secrets de famille, adultères, misères sociales et maladies et qu'avec le curé et le sorcier, il tente de soigner.
Il y a dans ce roman mille romans, autant d'expériences où la naïveté, le cynisme, la brutalité, l'avidité, l'égoïsme et le sexe sont la source des conduites des personnages. Une comédie humaine prend vie, tourbillon de destins où paysans et châtelains partagent une même avidité de vivre.


Victor Cohen Hadria
Producteur, réalisateur et écrivain français
né à Tunis en 1949