dimanche 26 juin 2016

Lontano

Jean-Christophe GRANGÉ

Quatrième de couverture

Le père est le premier flic de France.
Le fils aîné bosse à la Crime. Le cadet règne sur les marchés financiers.
La petite soeur tapine dans les palaces. 
Chez les Morvan, la haine fait office de ciment familial. Pourtant, quand l’Homme-Clou, le tueur mythique des années 70, ressurgit des limbes africaines, le clan doit se tenir les coudes.
Sur fond d’intrigues financières, de trafics miniers, de magie yombé et de barbouzeries sinistres, les Morvan vont affronter un assassin hors norme, qui défie les lois du temps et de l’espace. Ils vont surtout faire face à bien pire : leurs propres démons. 
Les Atrides réglaient leurs comptes dans un bain de sang. Les Morvan enfouissent leurs morts sous les ors de la République.

Petites anecdotes personnelles:
Ce roman est dédié à Ysé et Kaïto, j'ai fini il y a peu "Ysé et le palimpseste"(Fall et Discordia). Je commence ma lecture et je me retrouve au Congo, je viens également de terminer plusieurs livres parlant du Congo, le dernier étant "Même les sans abris ont des pères".  Ce hasard, ces coïncidences m'ont fait sourire.

La famille Morvan n'est pas ce qu'on pourrait appeler une famille classique. Le père, flic, espion…plus très jeune mais toujours actif. Violent avec son épouse, mais aimant plus que tout se progéniture. La mère, entre bourgeoise et hippie, subissant les brutalités de son époux, (les enfants sous la table). 
Alors bien sûr, il y a quelques séquelles chez leurs trois enfants.
Que s'est-il donc passé à Lontano, ville oubliée, ville fantôme du Congo, théâtre des horribles assassinats perpétrait par "L'homme-Clou"?. Pourquoi "L'homme-Clou" refait surface en France des années plus tard, qui est-il? 
Tenue en haleine par l'enquète d'Erwan, l'ainé des Morvan, j'avançais dans ma lecture…et j'espérais que nous en saurions un peu plus sûr ce secret qui semble unir le couple depuis une quarantaine d'années.
À la fin de l'ouvrage, une phrase a attiré mon attention, "Pharabot ne pouvait être à Lontano le 31 avril." . Une erreur de frappe, une volonté de l'auteur? Mais de toute façon une certitude!
J'ai pris un énorme plaisir en lisant ce roman. 

samedi 18 juin 2016

Même les sans abris ont des pères


Donnet SISA-NZENZO

Quatrième de couverture

Du Congo jusqu'à la France le pas est immense tant ces deux mondes s'ignorent et se fantasment. Rien de commun en effet entre ces deux pays, sinon une langue, et un passé reculé dans un abîme du temps. Aussi, pour le jeune homme envoyé en mission dans l'Hexagone, les malentendus, l'impréparation et surtout les faiblesses morales et mentales de tous les humains rencontrés feront de cette expédition en terre étrangère une aventure où l'on tire jusqu'au bout de soi-même, afin de surmonter les assauts. Frère et sœur premiers arrivés, enlisés par la vie sur des positions défensives, sont trop débordés pour offrir efficacement leur puissance au nouveau venu. Par conséquent Donnet va devoir se débrouiller seul, et contre beaucoup – à commencer par lui-même avec toutes ses illusions de vie facile – et en particulier contre le temps, cette faux que manipule la Préfecture. Finalement il n'y a nul remède en dehors de soi. Tandis que le père, malade, attend au loin d'être sisauvé par ses enfants, Donnet, livré à toutes les intempéries de l'exil, devra vaincre ses culpabilités, ses craintes, ses découragements, et trouver jusqu'au fin fond de l'échec la gangue qui lui permettra de ne jamais, jamais s'avouer vaincu.

J'ai été déstabilisée au début de ma lecture, l'ouvrage n'avait dans son style rien à voir avec "Illusions et confusion, mère de la déconvenue", j'ai donc écrit à l'auteur. Sa réponse m'a convaincue, je devais lire ce témoignage sous un angle différent.
"C'est l'âge, m'explique-t-il, et les conditions d'écritures, cinq ans séparent les deux ouvrages."
C'est un tout jeune homme, fraichement débarqué en France qui témoigne. La France, "El dorado" ou "enfer"! S'il retrouve ses deux ainés, on le sent dépassé par sa nouvelle vie. Il veut vivre libre et heureux, comme on le rêve enfant.
Il vit enfant dans deux mondes différents. Né dans une famille aisée, un retour de fortune oblige ses parents à changer de cap . Ils décident d'envoyer leurs enfants étudier en France. Rien quand il arrive ne correspond à ses rêves, trop jeune, peu habitué à la discipline il semble être en dépression. Il abandonne ses études, passe de petits boulots à emplois mal payés. Et surtout il semble ne rencontrer qu'indifférence, malhonnêteté et exploitation.
Malgré son mal de vivre, il veut relever la tête, réussir…
Il va suivre un des conseils de son père, et contacter un prêtre. Ce ne sera pas facile, mais il reprendra ses études et relèvera la tête.
"Pour un Africain, être expulsé d’un pays, en l’occurrence situé en Europe ou en Amérique du Nord, n’était pas la fin du monde. Par contre, cela pouvait être la fin d’une vie."
Ce n'est pas vraiment une autobiographie, mais plutôt un témoignage, les errements d'un jeune mal dans sa peau et son éveil (douloureux).
J'ai beaucoup aimé l'épilogue. 

Je remercie l'auteur de m'avoir offert cette lecture.

vendredi 17 juin 2016

Discordia

Florent MAROTTA


Après avoir lu "Ysé et le palimpseste",
j'ai eu le plaisir de lire "Fall", 
puis j'ai lu "Discordia", 16 pages pour découvrir la source lointaine du mal, 
de la haine qui perdure entre les Magis et les wicces…
Une histoire d'amour, mais aussi et surtout l'histoire d'une mère, Abilène Gaillard.
Tout comme pour Ysé, ou Fall, j'ai aimé lire cet ouvrage.


Merci aux éditions Taurnada et à Joël Maïssa pour ce partenariat.




J'ajoute le lien donné de l'auteur,

Fall

Florent MAROTTA

Quatrième de couverture

Fall est un jeune guerrier Wicce de la Protection, unité chargée de veiller sur leurs pairs qui souhaitent vivre une vie normale parmi leurs semblables démunis de pouvoirs magiques. S'enchaînent alors les missions de sauvetage dans un monde où les êtres magiques et l'autorité religieuse s'affrontent. Mais un jour, son équipe doit récupérer une enfant. Une mission qui va changer sa vie.

Fall est une nouvelle inédite prédelle à la saga de Fantasy urbaine d'Yzé dont le premier tome s'intitule Yzé et le palimpseste.


Cette toute petite lecture, une trentaine de pages, est très agréable. 
C'est Ysé, l'origine. On découvre Fall et son rôle de protecteur des Wicces, Ysé, bébé vagissant, pas encore Ambre…Toute le magie du roman "Yzé et le palimpseste". Pour plonger ou retrouver le monde "fantasy" de Florent Marotta.
La vie de Fall va changer, alors que celle d'Ysé commence à peine…Si je ne l'avais pas déjà lu, je plongerai sans hésiter dans ce monde onirique…mais tellement réaliste!
Je remercie Florent Marotta pour cette lecture!

jeudi 16 juin 2016

Le voyant

Jérôme GARGIN

Quatrième de couverture

Né en 1924, aveugle à huit ans, résistant à dix-sept, membre du mouvement Défense de la France, Jacques Lusseyran est arrêté en 1943 par la Gestapo, incarcéré à Fresnes puis déporté à Buchenwald. Libéré après un an et demi de captivité, il écrit "Et la lumière fut" et part enseigner la littérature aux Etats-Unis, où il devient «The Blind Hero of the French Résistance». Il meurt, en 1971, dans un accident de voiture. Il avait quarante-sept ans.

C'est un grand merci que je dois dire à Jérôme Garcin. Avec ce roman j'ai découvert un héros dont j'ignorais jusqu'à l'existence. Jamais je n'avais entendu parler des cent-trente-deux aveugles de la résistance française ni de Jacques Lusseyran.
Jacques Lusseyran, une intelligence hors du commun. Une enfance, portée par l'amour de ses parents, dont il gardera toute sa trop courte vie un délicieux souvenir, lui permettant peut-être de continuer malgré l'horreur de Buchenwald.
C'est grâce à l'avis de Laurence "ICI" que j'ai fait cette connaissance.
J'ai moi aussi beaucoup apprécié la postface.


Portrait de Jacques Lusseyran par Jean Hélion (1958)

mardi 14 juin 2016

Illusions et confusion, mères de la déconvenue


Donnet SISA NZENZO

Quatrième de couverture

Sous Léopold c’était le Congo belge, sous Mobutu ce fut le Zaïre, et depuis, sous les Kabila, c’est le Congo Kinshasa, pour le distinguer du Congo Brazza voisin. Autant d’identités pour nommer un pays, immense, d’une nature vertigineuse, cela signifie qu’il se cherche encore ; qu’il se cherche douloureusement…
Cette nouvelle de Donnet Sisa Nzenzo nous apporte sur sa nation tourmentée un témoignage éclatant de chaleur, accablant de soleil et… de sang. L’Afrique, oui, mais avec la voix d’un jeune auteur africain. Pas de transposition ni d’interprétation ici !

J'ai été séduite par le style, j'ai été happée par l'histoire, j'ai lu cette petite nouvelle sans presque reprendre ma respiration.
Je connais mal l'histoire de l'Afrique, je sais peu de choses du Congo, si ce n'est parfois au détour d'une actualité souvent dure, crue, parlant de révoltes, de morts, de blessés.
Mais il y a dans l'écriture une autre dimension, les images même violentes, nous finissons par ne plus les voir, elles font hélas parties de notre quotidien, et à travers l'écran de nos téléviseurs, elles se banalisent. J'ai ressenti la même émotion qu'en lisant "La peau" de Malaparte.
L'auteur nous emmène au coeur de la révolte, c'est la misère qui se lève, un peuple en marche, mains nues, revendications et porte-voix, en face, l'armée, le pouvoir…Puis la croix rouge, les corps qu'on enjambe, les blessés qu'on cherche, désespérément. Hôpital de fortune, bonne volonté anéantie…Pillages et visions cauchemardesques.
C'est la triste, la tragique histoire de deux êtres humains pendant la tempête, pendant une manifestation, Madame Grand-Champ et un jeune homme "Prévient" qui faisaient partie d’une foule venue manifester.
Je n'ai pas réussi à savoir quel massacre raconte l'auteur, mais qu'importe, après tout, tous les massacres de toutes les époques se ressemblent. Il reste le talent des écrivains qui seul fera peut-être réfléchir les hommes et évoluer l'humanité.
"Voilà où mène l’extrême misère. À ce que l’être humain est censé ne pas faire."

Je remercie l'auteur de m'avoir permis de lire cette nouvelle.


dimanche 12 juin 2016

Black Bazar

Alain MABANCKOU

Quatrième de couverture

Après l'humour et la dérision de cette fable revisitée (Mémoires de porc-épic), direction Paris avec Black Bazar. Plus rien n'amuse un dandy congolais amateur de femmes, déprimé par un chagrin d'amour. Un jour, déambulant dans la capitale, sa curiosité est attisée par une librairie bondée. Il y croisera Jean-Philippe, un écrivain haïtien venu signer ses livres, et qui va bouleverser sa vie…

Parfois les titres des romans nous étonnent, mais je dois dire que "Black Bazar" me parait parfait pour ce…journal(?).
Il n'est pas si heureux qu'il voudrait le faire croire, notre héros. Parce qu'il serait capable de déterminer le caractère des femmes en examinant leur postérieur, ses amis l'ont surnommé "le fessologue".
Il y a dans ce texte beaucoup d'humour. Le héros doit se remettre du départ de sa compagne et de sa fille, il se raconte, il nous raconte… c'est un texte beaucoup plus profond qu'il n'y parait. Des sujets de fond sont traités, le racisme entre noirs, la misère du Congo, le misère de l'Afrique et tant d'autres. Et Jean-Philippe, l'écrivain haïtien qui l'incite à écrire, à coucher sûr le papier ses humeurs, ses tristesses et parfois son désespoir…comme une thérapie!
Une jolie lecture. 

Mémoires de porc-épic

Alain MABANCKOU


Quatrième de couverture

Selon une légende populaire africaine, chaque être humain possède son double animal. Dans ce conte moderne et truculent, un étonnant porc-épic est ainsi chargé par son alter ego humain, un certain Kibandi, d'accomplir à l'aide de ses redoutables piquants toute une série de meurtres rocambolesques. Malheur aux villageois qui croisent leur chemin !

J'ai tout d'abord été surprise…pas de majuscule de début de phrase, pas de point…Notre Porc-épic, le double maléfique de Kibandi, va nous raconter son histoire, sans jamais reprendre sa respiration. Il s'adresse à un baobab! 
Un conte, bien sûr, mais pas n'importe quel conte. Un double qui vous débarrasse de vos ennemis, des gêneurs, un double qui ne devrait pas avoir d'états d'âme. De son enfance plutôt heureuse au milieu des siens à son départ pour vivre caché aux côtés de Kibandi, pour obéir aux désirs maléfiques de son double. 
Une lecture intéressante, inspirée des contes africains. J'ai parfois souri, parfois été surprise ou choquée par les actes commis…Comme c'est facile de se débarrasser de ses ennemis! Enfin…Peut-être pas aussi simple!

vendredi 10 juin 2016

Il n'y a pas de petite querelle.

Amadou HAMPÂTÉ BÂ


Quatrième de couverture

Contes traditionnels du Mali ou d'ailleurs, ces " nouveaux contes de la savane " sont rapportés et développés par Amadou Hampâté Bâ dans le style plein de vivacité, d'humour et de poésie qui est le sien. Qu'il s'agisse de grands récits d'aventures mêlés de fantastique, de satires morales ou sociales, on y trouvera non seulement un vif plaisir de lecture et de dépaysement, mais aussi de nombreux sujets de réflexion. Certains de ces contes projettent en effet une lumière particulière sur divers défauts ou qualités de la nature humaine ; d'autres stigmatisent certaines tares sociales et d'autres enfin, à travers les aventures de personnages d'exception cachés sous des dehors repoussants, nous invitent à ne jamais juger d'après les apparences…

Ce n'est pas désagréable de se retrouver au coeur de la savane et d'écouter l'auteur nous raconter ces petites histoires.
Treize contes qu'on peut lire en famille, qu'on peut partager, dont on peut parler.
Tout est dit dans la présentation de l'ouvrage, l'auteur écrit la tradition orale, transmet au futur les contes du passé.
Beaucoup d'animaux mis en scène, (une pensée pour notre fabuliste Jean de la Fontaine), mais là s'arrête la comparaison, ici, pas de morale. L'auteur nous donne à réfléchir.


jeudi 2 juin 2016

Les Brillants

Markus SAKEY

Quatrième de couverture

Ils sont dotés de facultés hors du commun.
Ils représentent 1 % de la population mondiale.
Ce sont les «Brillants».
L'agent Nick Cooper, bien que lui-même Brillant, consacre sa vie à protéger les gens normaux en travaillant au sein du DAR, le département chargé de contrôler l’activité de ces surdoués. Pourtant, la traque de John Smith, le Brillant ennemi n° 1, va l’obliger à choisir son camp…

Traduit de l'américain par Sébastien Raizer.

Imaginez notre monde, celui dans lequel nous vivons, mais avec juste une petite différence, les génies, nos fameux surdoués, ces enfants qui font le délice de leurs parents, de leur entourage, vont-ils continuer à nous émerveiller lorsqu'ils seront adultes?
C'est un thriller, où Nick Cooper notre héros va s'apercevoir peu à peu que le monde dans lequel il vit n'est pas idéal. Nous allons avec lui découvrir les limites de nos peurs, le danger d'exclure, d'isoler certains groupes de la population. Le prétexte n'est pas banal…Leur intelligence est un danger, nous devons non pas les éliminer, mais les canaliser…parce qu'ils sont utiles.
J'ai pris un énorme plaisir en lisant ce roman, j'ai tremblé pour les enfants, pour les "brillants" dit "anormaux", mais aussi pour leur famille.