jeudi 18 juin 2015

Les immortelles

Makenzy ORCEL

Quatrième de couverture

Mon nom, c’est la seule intimité qui me reste. Peu importe comment je m’appelle. Moi, je raconte. Toi, l’écrivain, tu couches sur le papier, tu transformes. En échange, tu me feras tout que tu veux. Tu écriras notre histoire, celle des prostituées de la Grande-Rue. Tu parleras de la petite, disparue dans le tremblement de terre. Tu diras nos douleurs, nos souvenirs. Tu nous rendras immortelles.

C'est un tout petit roman, 134 pages seulement, mais 134 pages intenses, une histoire qui se lit trop vite et qui nous bouleverse.
Elles sont trois, la narratrice, prostituée ou maquerelle, qui raconte à l'écrivain, elle ne se raconte pas, elle raconte. La fille, juste avec un nom inventé, juste "Shakira", parce qu'elle ne veut rien garder de son passé, mais qui n'a que douze ans. Je sais bien sûr qu'à douze ans on peut parfois avoir un corps de femme, mais encore une enfant… qui aime les livres, qui aime lire… qui aime surtout Jacques Stephen Alexis, qui ne veut surtout pas ressembler à sa mère, cette femme si droite, si chrétienne, qui croit que Dieu résoudra tous les problèmes, tous ses problèmes de femme soumise, battue, mais qui aime tant sa fille. Qui aime si mal sa fille. Qui la cherchera dans les bas-fonds, vendra son corps et son âme, par amour pour sa fille, pour retrouver sa fille.
Dans tous ces tragiques destins, elles pourraient être trois cents, ou trois mille… elles sont sans nom, et pourtant tellement unique, immortelles dans l'intemporalité de la prostitution, ensevelies par un tremblement de terre… punition divine ou simple séisme naturel… 
C'est un grand roman qu'il faut lire pour se souvenir, pour ne pas oublier.

Je remercie Partage lecture et les éditions Points pour ce partenariat.




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