mercredi 23 septembre 2015

Cris

Laurent GAUDÉ
Couverture: Julien Nelva
Quatrième de couverture

Ils se nomment Marius, Boris, Ripoll, Rénier, Barboni ou M'Bossolo. Dans les tranchées où ils se terrent, dans les boyaux d'où ils s'élancent selon le flux et le reflux des assauts, ils partagent l'insoutenable fraternité de la guerre de 1914. 
Loin devant eux, un gazé agonise. Plus loin encore, retentit l'horrible cri de ce soldat fou qu'ils imaginent perdu entre les deux lignes du front, " l'homme-cochon ". 
À l'arrière, Jules, le permissionnaire, s'éloigne vers la vie normale, mais les voix de ses compagnons d'armes le poursuivent avec acharnement. Elles s'élèvent comme un chant, comme un mémorial de douleur et de tragique solidarité.

J'ai lu ce texte comme on regarde, comme on vit une pièce de théâtre. Ils étaient là, face à moi tous ces jeunes gens, j'entendais leur voix, jeune encore, puis de plus en plus grave. Ils me racontaient, ils se racontaient, sans fard. L'un après l'autre, leur douleur, leur peur, l'horreur, le quotidien. La folie aussi, celle des hommes qui les envoie se battre, et celle qui finit par les posséder. 
Jules "tombe-saute" de ce train qui devait le mener jusqu'au repos… Mais ces "cris" dans sa tête! Jules veut dire au peuple les cris de ces hommes "entaupés"…
J'ai entendu leur voix, j'ai senti cette odeur acre de boue, de sang et d'urines mêlés, j'ai vécu leur désespoir, leur peur, parfois leur colère, mais jamais je n'ai ressenti de haine.
J'aime l'écriture de Gaudé.

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