samedi 5 septembre 2015

Bison

Patrick GRAINVILLE
Couverture:George Catlin (vers 1855)

Quatrième de couverture

Enfin, les bisons sont arrivés. Armés d'arcs, parés d'amulettes et de plumes, les Sioux s'élancent et l'épopée commence. Sur la colline, George Catlin peint à toute vitesse pour garder la mémoire de ces peuples. Il le pressent : bientôt il n'y aura plus de bisons, plus d'Indiens libres. Les Blancs vont détruire leur vie nomade en harmonie avec la prairie, leurs fêtes, leur religion, leurs chasses…

En lisant "Bison", j'ai découvert un peintre, George Catlin. Ce n'est pas une biographie que Grainville nous offre, nous sommes en 1831. Dans un style plein de poésie, dans une langue riche il nous décrit les tableaux de celui qui essayât d'immortaliser la vie des peuples indiens. Collectionneurs de tous les objets faisant la vie quotidienne de ses peuplades, amateur de leur rite, parfois choqué par les scarifications, par l'abandon des vieillards, et le traitement des femmes qui sont, à quelques rares exceptions près, destinées aux travaux les plus durs. Catlin a laissé des écrits, certainement plus pudiques que ce que nous livre Grainville.

Entre Louve, la jolie crow enlevée par Aigle rouge, Oiseau Deux Couleurs, chaman androgyne, Cuisse, mais aussi Genou boiteux ou Elan noir, dont les visions sont pour le moins étranges, et tant d'autres Catlin et son aide de camp, vont vivre les rites des amérindiens, les amours et les jalousies.

Venant en France pour l'exposition de 1846, il rencontrera entre autre George Sand et Baudelaire. On peut regretter l'exhibition d’indiens. Les humanistes de l’époque posent le problème moral de "ce cirque ethnographique". George Sand parle d’un peuple libre, sincère dans "leur soucis de communiquer leur culture".
Avec ce roman, dans un style poétique que j’ai beaucoup aimé, décrivant de façon tellement vivante les tableaux, Grainville permet un autre regard, non seulement sur les indiens et la grande prairie américaine, mais aussi sur l’histoire que peut raconter un peintre à travers tableau.

Je ne résiste pas au plaisir d'ajouter la critique de Baudelaire sur l'oeuvre de Catlin:
source: Œuvres complètes de Charles Baudelaire
Michel Lévy frères, 1868 (II. Curiosités esthétiques, pp. 77-198).
"Il y a au Salon deux curiosités assez importantes : ce sont les portraits de Petit Loup et de Graisse du dos de buffle, peints par M. Catlin, le cornac des sauvages. Quand M. Catlin vint à Paris, avec ses Ioways et son musée, le bruit se répandit que c’était un brave homme qui ne savait ni peindre ni dessiner, et que s’il avait fait quelques ébauches passables, c’était grâce à son courage et à sa patience. Était-ce ruse innocente de M. Catlin ou bêtise des journalistes ? — Il est aujourd’hui avéré que M. Catlin sait fort bien peindre et fort bien dessiner. Ces deux portraits suffiraient pour me le prouver, si ma mémoire ne me rappelait beaucoup d’autres morceaux également beaux. Ses ciels surtout m’avaient frappé à cause de leur transparence et de leur légèreté.
M. Catlin a supérieurement rendu le caractère fier et libre, et l’expression noble de ces braves gens ; la construction de leur tête est parfaitement bien comprise. Par leurs belles attitudes et l’aisance de leurs mouvements, ces sauvages font comprendre la sculpture antique. Quant à la couleur, elle a quelque chose de mystérieux qui me plaît plus que je ne saurais dire. Le rouge, la couleur du sang, la couleur de la vie, abondait tellement dans ce sombre musée, que c’était une ivresse ; quant aux paysages, — montagnes boisées, savanes immenses, rivières désertes, — ils étaient monotonement, éternellement verts ; le rouge, cette couleur si obscure, si épaisse, plus difficile à pénétrer que les yeux d’un serpent, — le vert, cette couleur calme et gaie et souriante de la nature, je les retrouve chantant leur antithèse mélodique jusque sur le visage de ces deux héros. — Ce qu’il y a de certain, c’est que tous leurs tatouages et coloriages étaient fait selon les gammes naturelles et harmoniques.
Je crois que ce qui a induit en erreur le public et les journalistes à l’endroit de M. Catlin, c’est qu’il ne fait pas de peinture crâne, à laquelle tous nos jeunes gens les ont si bien accoutumés, que c’est maintenant la peinture classique."


La chasse au bison selon Catlin



Buffalo Bull Grazing George Catlin 1845

Je remercie Partage lecture et les éditions Points pour ce partenariat.

 


2 commentaires:

  1. Je ne connaît pas du tout ce peintre. Ce livre a l'air vraiment intéressant, j'en prends note ;)
    Bonne semaine.

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    1. Moi non plus, rassure-toi! et on ne doit pas être les seules!
      Certaines de ses oeuvres sont exposées au musée du quai Branly.
      Merci de tes messages et passages Céline.

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