lundi 3 avril 2017

Les larmes noires sur la terre

Sandrine COLLETTE

Quatrième de couverture

Il a suffi d’une fois. Une seule mauvaise décision, partir, suivre un homme à Paris. Moe n’avait que vingt ans. Six ans après, hagarde, épuisée, avec pour unique trésor un nourrisson qui l’accroche à la vie, elle est amenée de force dans un centre d’accueil pour déshérités, surnommé «la Casse». 
La Casse, c’est une ville de miséreux logés dans des carcasses de voitures brisées et posées sur cales, des rues entières bordées d’automobiles embouties. Chaque épave est attribuée à une personne. Pour Moe, ce sera une 306 grise. Plus de sièges arrière, deux couvertures, et voilà leur logement, à elle et au petit. Un désespoir. 
Et puis, au milieu de l’effondrement de sa vie, un coup de chance, enfin : dans sa ruelle, cinq femmes s’épaulent pour affronter ensemble la noirceur du quartier. Elles vont adopter Moe et son fils. Il y a là Ada, la vieille, puissante parce qu’elle sait les secrets des herbes, Jaja la guerrière, Poule la survivante, Marie-Thé la douce, et Nini, celle qui veut quand même être jolie et danser. 
Leur force, c’est leur cohésion, leur entraide, leur lucidité. Si une seule y croit encore, alors il leur reste à toutes une chance de s’en sortir. Mais à quel prix?

Sandrine Collette ne fait pas dans le mièvre, elle écrit sûr des sujets difficiles, souvent insoutenables. Elle nous remue jusqu'au plus profond de notre être. Nos tripes, nos boyaux, notre coeur, mais aussi notre cerveau…Tout se bouscule, tout nous bouscule, elle piétine allègrement nos bons sentiments. Elle nous horrifie par son réalisme noir…et j'adore!
Pour ce quatrième roman que j'ai le plaisir de lire, l'auteur nous entraîne à la suite de Moe, dans un sordide lieu de vie, dans un coin sûrement tranquille de notre douce France…
Partie de son Papeete natal pour découvrir les charmes de Paris, elle se retrouve délaissée et maltraitée par son mari dans une banlieue sinistre. 
Alors, elle finit par fuir…et par se retrouver "hébergée" dans un centre de sans-abris.
(Je ne dirai rien de ce centre, sinon que l'imaginant dans mon pays, j'ai été ulcérée, horrifiée…je vous laisse découvrir!)
On va découvrir ses cinq compagnes. Ada qui vécut une enfance heureuse en Afghanistan, qui devait faire des études de médecine à Kaboul…mais dut fuir. Jaja, enfant battue par une mère ignoble. Poule, survivante des attentats de Paris, qui ne guérit jamais de ses traumatismes. Marie-Thé, la petite haïtienne adoptée pour de mauvaises raisons. De Nini Peau-de-chien, nous ne saurons rien, sinon son désir de trop vivre.
Cinq portraits de femmes, cinq femmes "ramassées" par les services sociaux, cinq femmes que la vie a endurci, mais cinq femmes qui vont s'unir, s'entraider.

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